Food Evolution, réalisé par Scott Hamilton Kennedy, ne se résume plus à des multinationales qui ont vite compris que la planète était aussi ronde qu’un pain burger. Désormais, le mensonge rampe parmi nous, même dans les contrées les plus reculées. Bienvenu dans le monde infernal des OGM.

Image, illustration tirée du film « Food Evolution » | ©Food Evolution / photo à usage médiatique, attribution requise
Il commençait bien ce film… avec nature et hommes conjuguant leurs efforts pour le meilleur. La nature d’une part, qui convainc que le plus fort est le seul à survivre, et l’homme d’autre part, qui croise les meilleurs pour obtenir plus fort encore. Et puis un jour, l’homme décida d’aider la nature, en croisant les gènes, en créant des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Ainsi naît, Food Evolution. Oui parce que, les OGM ne sont en rien nuisibles, ni pour l’homme ni pour la planète, rassure le film. Mieux encore, ils vont réussir à nourrir tous les humains, toujours plus nombreux sur la Terre. Alleluia, nous sommes sauvés ! Est-ce toutefois la bonne réponse à ce défi gigantesque ? Auteurs et scientifiques ici convoqués assènent le spectateur qu’au-delà de toute interrogation, c’est LA solution ! Laissons-leur le bénéfice du doute -un mot banni de leur vocabulaire. Ils concoctent alors un monde idéal sauce américaine, dans cette galaxie on ne peut plus trouble, gouvernée dans le plus grand secret par des multinationales comme le trublion Monsanto-Bayer, dont toutes savent user et abuser de leur pouvoir pour transformer les meilleures intentions en pire cauchemar mercantile. Créations et privatisations de brevets, lobbying, ghostwriting (rédaction de textes sans auteur à la gloire du payeur)… bref, une affaire de gros, sous un discours soigneusement rodé et savamment mis en scène.
Pourtant, certains ne s’en troublent pas, comme la plupart des intervenants de ce film: économistes, biologistes, nutritionnistes, chercheurs, généticiens… à l’instar de Mark Lynas, militant écologiste et journaliste qui raconte comment après avoir eu la révélation de la science, il est soudainement devenu un vrai défenseur des OGM ! Plus étonnant encore, la manière dont on cherche à les faire avaler (OGM). Ainsi, cet épisode effarant de la culture des bananes en Ouganda, où les bananiers y meurent, victimes d’une maladie entraînant le flétrissement de leurs feuilles. Food Evolution raconte comment la science, en mêlant aux gènes de la banane ceux de poivrons, a permis d’obtenir un bananier fort et résistant. Une Ougandaise, vivant chichement de ses cultures y accueille ces plants sans vraiment comprendre quelque chose. On lui explique alors que dans son pays, où l’on meurt de faim, l’État refuse les OGM. La manipulation suit son chemin. Pire, prenez cette scène où un Africain supplie les Américains de ne surtout pas arrêter de produire des OGM, car Si vous condamnez les OGM, vous condamnez l’Afrique !Pure perversité, que de jouer ainsi du malheur des autres, comme dans le cas d’Alison Van Eesenaam, généticienne, qui, ayant perdu son bébé à la naissance, s’est posé de nombreuses questions autour des OGM, mais en vain. La preuve que non, les OGM n’y sont pour rien, est singulièrement abject.
La peur des deux côtés
Les écologistes utilisent la peur, dit-on. Peut-être. Mais certains scientifiques ne sont pas en reste. Ainsi de cette expérience née du Professeur Gilles-André Séralini, faites sur des rats nourris au maïs OGM, ils auraient tous développé des tumeurs. Il faut dire que l’expérience a été éreintée par beaucoup de ses confrères, et les multinationales suscitées ont apparemment beaucoup œuvré dans l’ombre. En tout cas, les anti-OGM, eux, ont peu la parole dans ce film. Certains l’affiche de telle manière qu’elle porte à sourire, comme celle de Zen Honeycutt, fondateur de Moms across America, site qui expose les dangers des OGM et dont l’enthousiasme pourra paraître quelque peu déraisonnable. Ou bien -le diable se niche dans les détails- dans la manière de filmer les divers manifestants anti’, avec ce regard légèrement moqueur, presque fourbe, présentant ainsi des femmes et des hommes comme de doux rêveurs. Aucune voix sérieuse n’est ici invitée. Tout au long du long-metrage, le but n’est pas d’informer objectivement mais de communiquer, encore et toujours communiquer, ce qui se ramène clairement à promouvoir… les OGM.
Pro ou anti ?
Le débat n’est pas près de toucher à son terme, mais une chose est sûre, les auteurs de Food Evolution défendent résolument les OGM. Ce qui ravira une bonne partie des scientifiques et rendra furieux tous ceux qui rêvent d’une planète propre et saine. Alors si toutes les questions restent posées ici, ce film ne constitue pas une pièce qui vaut d’être versée au dossier des réponses. Tant que ne sera pas réglée la problématique d’une recherche transparente et non mercantile, ce type de film ne cessera de proliférer, véritable œuvre de propagande pro-OGM. Ou son contraire, tout aussi violent et également de parti-pris…
Food Evolution, réalisé par Scott Hamilton Kennedy – Sortie en salle depuis le 20 février 2019 – Plus de renseignement ici
10 Comments
Blank
Et bien dans ce cas puisque vous trouvez ce film trop partisane et hollywoodien, je vous recommande à la place de regarder « Well Fed » bien plus posé.
Ah, et votre critique ne démonte en rien l’apport scientifique qu’apporte ce film. Votre critique est donc simplement idéologique, et non scientifique 🙂
Fabrice Gil I Rédacteur-en-chef
… une critique juste et fondée reprenant les elements du film. Idéologique, dites-vous ? pas sûr. Notre métier est de relater des faits, d’éclairer les lectrices et lecteurs sur des aberrations courant le monde. En tout cas, merci pour votre appréciation. FG / RDC
Adrien
Euh, oui sauf que les OGMs présenté par Food Evolution sont principalement des OGMs d’états et/ou libre de droits (comme le bananier que vous citez ou encore la Papaye Rainbouw).
Quand à l’étude de Gilles-Eric Séralini, elle était d’une médiocrité confondante. À tel point qu’elle est citée comme cas d’école de mauvaise pratique scientifique et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances avancées en science pour comprendre ses défauts… Tous les experts sont d’accord la dessus. Même le CIRC, qui a utilisé l’étude pour son évaluation du glyphosate (et qui va sur ce sujet à contre courant des autres agences scientifiques) a jugé l’étude « inappropriée » et, en quelques lignes de description à peine, esquisse certains des nombreux défauts de l’études (échantillons trop faibles, histopathologie mal décrite, …)
Pour terminer, le consensus scientifique sur l’absence de risque des OGMs est largement établi et leurs détracteurs peinent à théoriser des risques qui leurs sont spécifiques… On est d’ailleurs en présence de ce qui est probablement l’un des plus grand écart d’opinion entre les experts et le grand public…
Fabrice Gil I Rédacteur-en-chef
… encore une fois, redirigez-vous vers ce film. Libre à vous de défendre les OGM. Ce n’est pas notre cas. FG
Den
Oui, mais vous ne sauriez sans doute même pas dire pourquoi. Le fait qu’on vous ait répété sur tous les tons que c’est mal vous suffit sans doute. Les OGM de manière générale sont même plutôt plus sûrs que pas mal de variétés hybrides. Mais bon, on repassera pour une réflexion rationnelle… Comme d’habitude.
Den
Cet article est d’une bêtise… Vous pouvez lâcher vos a priori et vos idées reçues : ils sont assez solides pour tenir tout seuls. Par contre votre culture scientifique… Cela dit, vous ne faites que répéter les idioties qui sont servies en boucle.
Fabrice Gil I Rédacteur-en-chef
… libre à vous de le penser. FG
Pa Theuret
Du journalisme anti-science qui flatte une idéologie fondée sur la superstition et l’idéalisation de la nature.
Je vous encourage à faire davantage de recherche dans ce domaine, de prendre conscience de l’état du consensus scientifique et de rester prudent dans vos affirmations. La qualité de vos articles s’améliorera à mesure que vous approfondirez vos connaissances et que vous gagnerez en humilité.
Bien à vous.
Fabrice Gil I Rédacteur-en-chef
… merci pour vos appréciations. FG
Jean Augéhème
Citer Séralini sérieusement… C’est une blague ?