A l’occasion de la rediffusion du film de Sergio Leone sur grand écran à Montségur-sur-Lauzon (Drôme provençale), focus sur la mythique première scène de ce western.
Cinquante deux ans après sa sortie, Il était une fois dans l’Ouest, le western lyrique, plus surnaturel aussi que la trilogie du dollar avec Clint Eastwood, fascine toujours autant. Le grand écran de la salle Jean Giono à Montségur-sur-Lauzon (Dôme provençale) mettra en lumière ce vendredi, l’un des nombreux morceaux de bravoure du film: la célèbre ouverture de quatorze minutes qui contient, comme un condensé fantastique, toute l’œuvre qui va suivre et place d’emblée le spectateur dans le feu de l’action:
Pour la reprise des activités de l’association, après l’arrêt dû à la pandémie, nous avons souhaité proposer au public un hommage à Ennio Morricone. L’artiste a travaillé sur de grands films, et ce film est emblématique de son travail avec Sergio Leone,
explique Viriginie Jardin, présidente de l’association Culture & Loisirs à Montségur-sur-Lauzon
Un ballet funèbre donc qui ouvre ce western crépusculaire, où l’arrivée du train et de la modernité sonne le glas des figures mythiques de l’Ouest. Dans une gare au milieu de nulle part, en Arizona - bien que la scène a été tournée en Espagne, près de Cadix, trois hommes de main - ceux de Frank, incarné par Henry Fonda, qui apparaît dans la scène suivante -, séquestrent le chef de station, font fuir une femme et attendent de pied ferme Charles Harmonica Bronson, qui doit arriver par le prochain train. Selon la légende, Leone voulait que les trois gâchettes soient interprétées par Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach, alias le Bon, la Brute et le Truand. Refus catégorique d’Eastwood. A leur place, il y a Woody Strode (Le Sergent noir de John Ford) ; Jack Elam, bonne gueule marquée à l’œil dysfonctionnel, habitué aux rôles de brutes (notamment chez Robert Aldrich) ; et le plus méconnu Al Mulock, vu dans Le Bon, la Brute et le Truand (1966), dans sa dernière apparition au cinéma - il s’est défenestré lors du tournage. La générosité de Leone vis-à-vis des seconds rôles et sa capacité à les magnifier force, aujourd’hui encore, l’admiration. Chez lui, les sbires ne font pas de figuration: ils ont droit, eux aussi, à leurs gros plans. Comme le train est en retard, les trois tuent le temps. Strode se débat avec une fuite d’eau, Elam avec une mouche et Mulock fait craquer ses phalanges. Le train arrive, Bronson en descend, échange quelques mots avec eux et règle en vitesse l’affaire aux revolvers. Quelques secondes d’action seulement…
Leone ne serait pas tout à fait Leone sans… Ennio Morricone, son compositeur attitré, auquel l’association Culture & Loisirs rend hommage ce vendredi 14 août à 20h30. Marqué par la musique d’avant-garde et les expérimentations de John Cage, il orchestre en ouverture une sorte d’opéra bruitiste, à base de sons naturels amplifiés: cliquetis d’un télégraphe, bourdonnement de la mouche, grincement d’un moulin. Bruits qui se découpent sur un silence de mort et rendent la tension incroyablement palpable, tandis que le générique vient scander les noms des comédiens. Selon Carlo Simi, le chef décorateur, un assistant aurait proposé de graisser le moulin pour le rendre silencieux. N’y touche pas ou je t’étrangle !, lui aurait répondu Leone. Non-musique et non-action: c’était, en 1968, d’une fabuleuse modernité.
Il était une fois dans l’Ouest, de Sergio Leone (1968, 2h55) - Salle Jean Giono, chemin de la Jacque 26130 Montségur-sur-Lauzon - Droit d’entrée: €5 (adhérents: €4) - Réservation: 06 64 53 39 53 - Dès 18h30, buvette et restauration en extérieur - Séance à 20h30 en salle (climatisée) - Plus de renseignement ici
IMPORTANT: Dans le respect des consignes sanitaires pour l’organisation de la séance, un fauteuil d’espacement sera la règle de base. Le port du masque est recommandé pour les spectateurs dans la salle et les espaces de circulation. Les flux seront organisés afin d’éviter au maximum les croisements de public.
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