Le Point Ephémère accueille l’exposition « Les Tasses » et rend hommage aux premières toilettes parisiennes apparues il y a près d’un siècle à travers différents clichés du 19 novembre au 5 décembre 2019.

Archives de Marc Martin I ©Marc Martin / photos à usage médiatique, attribution requise
Mardi 19 novembre 2019 est la journée mondiale des toilettes ! Et oui, ce lieu où chacun assouvit ses envies a eu le droit à sa journée. L’occasion propice de découvrir les dessous, les histoires et les empreintes des tous premiers WC publics à Paris avec l’exposition « Les Tasses, Toilettes Publiques – Affaires Privés », en lieu et place du Point Ephémère. Après le succès, l’an dernier, de l’exposition au Schwules Museum de Berlin, les photographies de Marc Martin ont fait le voyage jusqu’à Paris. L’idée ? Rendre hommage aux vespasiennes issues d’une série photographique intitulée les « fantômes urbains ». L’artiste a exploré de nombreux lieux abandonnés dont ces anciennes pissotières fermées au public depuis les années 1980. Il y découvre alors des graffitis témoignant des fantasmes des générations passées ; WC qui ont longtemps abrité les rencontres privées entre hommes qui jadis étaient interdites. C’est seulement en 1981, sous le régime de François Mitterrand que la loi supprime toute dépénalisation de l’homosexualité sous l’impulsion du ministre de la Justice Robert Badinter. Pour honorer la mémoire de tous ces gens vivant cachés et persécutés, Marc Martin a décidé de mettre en lumière leurs histoires dans un ouvrage titré « Les Tasses », sorti le 4 novembre dernier.
C’est pour témoigner de ces histoires en marge de la belle Histoire que j’ai décidé de faire ce livre. A la fois un livre avec mes images mais aussi un livre historique. Un beau livre, en somme, pour tordre le cou aux idées reçues sur le sujet, résume Marc Martin.
L’argent n’a pas d’odeur !
Si les premières vespasiennes sont apparues en 1841 lors de l’installation des « colonnes moresques », affichant des publicités à l’extérieur, et à l’intérieur des urinoirs monoplace, le nom « vespasienne » fait référence à l’empereur romain Vespasien, qui est à l’origine de la création d’urinoirs publics à Rome (urinoir ou « vespasiano », en italien). A l’époque, l’empereur avait étendu un impôt particulier atteignant l’industrie et le commerce, à la collecte d’urine, source d’ammoniaque utilisée par les teinturiers pour préparer les étoffes avant de les mettre en couleur, ou encore pour dégraisser les laines. Moqué par cet impôt, il aurait répondu: l’argent n’a pas d’odeur ! Depuis, les vespasiennes ont laissé place aux sanisettes créées par l’entreprise JC Decaux, des petites toilettes fermées et automatisées permettant enfin à la gente féminine d’avoir accès à des WC appropriés. Mais il faudra attendre 2006 pour que les toilettes publiques soient gratuites. Durant l’exposition « Les Tasses », des évènements culturels seront organisés: Jeudi 21 novembre (19h), lecture du binôme AlArmand « Boire la Tasse » ; vendredi 22 novembre (19h), le Point Ephémère recevra Regis Schlagdenhauffen qui animera une conférence intitulée: Quand le tribunal de Paris juge les outrages publics à la pudeur : archives de la drague homosexuelles dans les vespasiennes. Enfin, jeudi 28 novembre (21h), une soirée Clubbing toujours autour autour des « tasses » sera animée par le DJ berlinois LaBaldi. N.B.: La librairie Les Mots à la Bouche invite au sous-sol à découvrir les clichés originaux et le cabinet de Marc Martin en lien avec l’exposition « Les Tasses » jusqu’au 27 novembre prochain.
Exposition les Tasses (vernissage mardi 19 novembre à 19h) au Point Ephémère, 200 Quai de Valmi Paris (Xe) – Entrée libre – Ouvert de 11 h à 20h – Plus de enseignement ici ; ouvrage Marc Martin, « Les tasses, toilettes publiques affaires privées » (éd. Agua) 300 pages – 240 photos et illustrations, dont 120 documents d’archives inédites, prix: €58 – Plus de renseignement ici