Armes illégales, vie chère, corruption, licenciements… la classe politique et financière libanaise est une nouvelle fois accusée de corruption et d’incompétence. Ce regain intervient au moment où les violentes explosions qui ont secoué Beyrouth mardi ont fait au moins 137 morts.
La France a dépêché mercredi une première aide d’urgence. Un avion s’est envolé à la mi-journée de Marseille (sud) avec du matériel ainsi qu’une équipe médicale de neuf personnes (quatre médecins urgentistes, trois infirmiers et deux marins-pompiers). Deux autres appareils ont suivi depuis Paris, avec à leur bord des personnels de la sécurité civile et plusieurs tonnes de matériel. Au Liban, des dizaines de personnes restent portées disparues, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé:
Jusqu’à présent, le bilan est de plus de 137 morts et plus de 5.000 blessés,
a indiqué Rida Moussaoui, précisant qu’un nouveau bilan pourrait être annoncé dans la journée.
Les conteneurs ont été soufflés par l’explosion, et des panaches de fumées s’élèvent toujours du port qui faisait la fierté du pays. Seules des grues mobiles, orphelines, sont restées debout. Le bilan de l’explosion qui a eu lieu hier, où quelque 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium ont explosé, est un désastre humain qui met à terre un Liban déjà meurtri par la pire crise économique de son histoire moderne. En effet, depuis le 17 octobre 2019, le pays du Cèdre connaît une révolte populaire grave qui fustige la classe politico-financière, l’accusant de corruption et d’incompétence. Des circonstances qui ont poussé des milliers de Libanais vers le chômage et la pauvreté. Le gouvernement de Hassane Diab avait présenté un plan de redressement sur cinq ans, à travers lequel il espère pouvoir sortir le pays de sa crise. Mais ce cabinet, largement conspué dans la rue, doit faire face aux divisions en son sein, ainsi qu’aux critiques des partis de l’opposition. Depuis, le pays a inauguré son premier bank run, la première panique bancaire du XXIème siècle. Les gouverneurs de la banque centrale ont mené leur pays dans une situation tout aussi inquiétante que celle vécue en Argentine en 2001. Pour effet, les Libanais qui ne peuvent retirer que 200 dollars à la banque par semaine, n’ont plus les moyens de se nourrir et de se déplacer. N’ayant plus rien à perdre, ils descendent dans la rue pour ce qui pourrait bien être une révolution qui met à bas le système politique féodal local.
Le port de Beyrouth est l’un des plus fréquentés de la Méditerranée orientale et constitue, avec l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, l’une des deux principales portes d’entrée du Liban. Reconstruit et rénové au début des années 1990, avec la fin de la guerre civile libanaise, il est composé de 4 bassins et 16 quais, sur une surface totale de 120 hectares. Ce port dont l’activité n’a fait qu’augmenter au fil des années - il est même à saturation depuis 2009 - faisait la fierté du Liban. Symbole de la modernisation, situé sur l’axe Marseille-Singapour, il constituait une porte unique sur le monde. Le port de Beyrouth était également considéré comme un partenariat réussi entre public et privé. Les opérations des terminaux de conteneurs étaient sous-traitées par un consortium privé, le Beirut Container Terminal Consortium (BCTC), mais cette concession devait faire l’objet d’un nouvel appel d’offres. Le processus mettait en concurrence le BCTC, le logisticien CMA CGM et MSC, l’émirati Gulftainer, et les hongkongais China Merchants Port. Le processus avait déjà été mis sur pause en raison de l’état d’urgence instauré par le gouvernement pour faire face à la crise du Covid. L’avenir de cette concession est maintenant en suspens.
Sur le plan alimentaire, « le Liban n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers l’Est »
La destruction du port, qui gère 60% des importations, est un cataclysme. En effet, l’économie libanaise repose largement sur les importations, qui frôlaient le montant de 20 milliards de dollars en 2018. La même année, le Liban n’a exporté 3 milliards de dollars de marchandises. La sécurité alimentaire du pays pourrait être en jeu, selon Hadi Nasrallah, analyste indépendant de la zone libano-syrienne. Le plus grand port du pays s’est soudain évaporé, et aucun autre ne pourra absorber toutes les importations que nous avions l’habitude de recevoir. Or, nous ne produisons quasiment rien de ce que nous mangeons ou buvons: environ 80% des denrées alimentaires sont importées. Le blé constitue 80% des importations agricoles du Liban et il transite majoritairement par ce port désormais ravagé. Outre les importations maintenant compromises, les gigantesques silos à grains du port, capables de contenir 120 000 tonnes de céréales, ont été soufflés par l’explosion. Les silos n’étaient pas pleins à cette période de l’année, mais ils sont capitaux puisqu’ils permettent au Liban de constituer une réserve stratégique de céréales. L’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, la FAO, organisme à la botte de la Chine et de son dévoué Qu Dongyu (élu en 2019), craint d’ores et déjà d’avoir à brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le pays. Le Liban n’aura pas d’autre choix que de se tourner vers l’Est, et il n’est plus en position de refuser quoi que ce soit de ce côté-là, conclut M. Nasrallah.
Macron, « Messie »- économiste des temps nouveaux ?
Emmanuel Macron qui a atterri à Beyrouth, a été accueilli par le président libanais Michel Aoun. Il se rendra directement au port, lieu des déflagrations. Je viens d’abord de manière quasi-immédiate pour apporter un témoignage de soutien, d’amitié, de solidarité fraternelle au peuple libanais, a déclaré Emmanuel Macron depuis Beyrouth. Parce que c’est le Liban, parce que c’est la France. Je me devais d’être là pour apporter cette amitié, cette fraternité au peuple libanais. (…) Je souhaite rencontrer l’ensemble des autorités politiques pour avoir un dialogue de vérité. Au-delà de l’explosion, nous savons que la crise est grave. C’est une crise politique, morale, économique et financière dont la première victime est le peuple libanais. Elle impose des réactions extrêmement rapides. Le chef de l’Etat doit tenir une conférence de presse à 15h30 GMT (18h30 locales).
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, la France reste au chevet dans son ami historique. Cette même année, Saad Hariri, fils de Rafic, Premier ministre démissionnaire du Liban, est invité à s’installer en France. Hariri, qui s’est exilé de son pays d’origine, et qui a dénoncé la mainmise de l’Iran sur son pays avec le mouvement chiite du Hezbollah, évoquait la crainte d’être assassiné. Il trouve depuis, à Paris, une terre d’exode et serait aidé par le président de la République pour résoudre la crise et revenir au pouvoir de son pays. Plus récemment, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est récemment rendu dans le pays du Cèdre, pour rencontrer ses homologues libanais. Il faut que les autorités libanaises se ressaisissent, et je me permets de dire ici à nos amis libanais: nous sommes vraiment prêts à vous aider, mais aidez-nous à vous aider, avait au préalable déclaré le chef du Quai d’Orsay. Un coup de pouce important, alors que le pays abrite notamment quelque 300 établissements scolaires francophones.
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