De ses débuts de danseuse à l’Opéra de Paris à la fin des années 1930 à sa tournée d’adieux écourtée par la maladie en 2016, la « muse de Saint-Germain-des-Prés » a tout donné à la scène. Elle est morte chez elle, gentiment, à Ramatuelle.
Symbole de la période existentialiste et du bouillonnement artistique du Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre, Juliette Gréco incarnait à la fois une certaine image de la chanson française, ambitieuse, exigeante, tout en demeurant populaire dans le sens le plus noble du terme. Magnifique interprète de grands poètes - Mac Orlan, Sartre, Queneau, Brassens, Brel ou Ferré… - qu’elle servait avec ce phrasé si particulier, elle fut l’une des rares artistes à toujours citer ses auteurs sur scène. Elle est décédée mercredi à l’âge de 93 ans. « Juliette Gréco s’est éteinte entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle. Sa vie fut hors du commun », a indiqué la famille. « Je pense être un auteur privilégié puisqu’elle m’a chanté », confessait Serge Gainsbourg, dont Juliette Gréco avait notamment enregistré La Javanaise. Il n’y a pas un auteur digne de ce nom, ou au moins ayant un peu de tenue littéraire, qui n’ait souhaité écrire pour elle.
La scène, c’est là où la vérité prend sa forme, où elle devient vivante.
Comédienne, émouvante, un brin maniérée, elle pouvait aussi prendre des mines de petite fille gourmande pour partager avec le public sa passion de la chanson - même si, à ses débuts, elle se rêvait plutôt comédienne. Une passion qui la poussait à rester à l’écoute de la nouvelle génération avec laquelle elle a travaillé sur des albums comme Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez ou le symbolique Je me souviens de tout. Car si Gréco n’a jamais caché son bonheur d’avoir côtoyé de grands peintres, écrivains et musiciens, personnifiant le fameux esprit rive gauche, elle ne cultivait pas la nostalgie.
Anticonformiste et rebelle à toutes contraintes, Juliette Gréco refusait de rester figée dans le temps. Histoire sans doute de faire un joli pied de nez à Guy Béart, elle chantait Il n’y a plus d’après à Saint-Germain-des-Prés. Ainsi, l’inoubliable interprète des Feuilles mortes et de Jolie Môme s’est glissée sans accroc dans les mots et mélodies des jeunes générations, Miossec, Olivia Ruiz, Adrienne Pauly, Marie Nimier, Benjamin Biolay ou Abd Al Malik. Une démarche que la chanteuse voyait comme une évidence : « C’est moi qui ai fait appel à eux. Je n’ai jamais fait autre chose et j’ai retrouvé le même bonheur qu’avec Gainsbourg, Ferré ou Béart. J’ai bien reçu 1 000 Déshabillez-moi et 500 Feuilles mortes… Mais en moins bon. Eux m’ont écrit autre chose. Tout est original et beau… » Et la chanteuse est encore correcte ! Ces propos, elles les avaient tenus en 2004, alors qu’elle se préparait pour une série de concerts à l’Olympia.
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