Très en vogue, les expositions immersives comme celle qui s’ouvre à l’Atelier des lumières, Monet, Renoir… Chagall, sont séduisantes et accessibles, y compris aux publics étrangers à l’art. Mais sont-elles encore de l’art, et donnent-elles envie d’aller dans les musées ?
Peintures de Pierre Bonnard (1867-1947) projetées dans le cadre de l’exposition immersive « Monet, Renoir… Chagall » à l’Atelier des Lumières à Paris le 26 février 2020 I AFP, Philippe LOPEZ
A l’instar des mappings vidéo qui se multiplient sur les façades des cathédrales et des mairies, les expositions en 3D puisent leur succès dans les désirs d’évasion, d’impressions fortes et de divertissement. Près de 1,4 million de visiteurs en 2019 ont ainsi plongé dans l’Atelier des lumières en 2019. Ces spectacles passifs et intenses, accompagnés d’un bruitage spectaculaire, appréciés des tout petits, où les images s’agrandissent et se mélangent rapidement, sont apparentés par certains de l’ancienne école comme autant de blasphèmes trahissant l’oeuvre d’art. Pour eux, un tableau ne se découvre que dans une démarche solitaire, de contemplation, quasi spirituelle. Mais Bruno Monnier, PDG de Culturespaces, qui gère ces expositions mais aussi des expositions classiques, comme au Musée Jacquemart-André ou au Musée Maillol, rétorque qu’il n’y a pas de contradiction.
Nous n’avons pas vocation à remplacer les musées mais proposons une expérience complémentaire qui conduit à la visite des musées, plaide-t-il.
Pour Ségolène Le Men, professeur émérite spécialiste de l’histoire des arts et des représentations, une telle démarche pourrait devenir une sorte de marchepied vers le musée. Mais il faut que les visiteurs soient initiés à la différence entre ces transpositions spectaculaires, et les oeuvres dans leur matérialité et leur taille.
Pour le directeur du Journal des arts, Jean-Christophe Castelain, mieux vaut qu’un gamin de banlieue défavorisée ou un ouvrier du bâtiment découvre un Van Gogh dans une ambiance son et lumière que de ne jamais connaître la peinture de maître. Bruno Monnier vante une expérience des sens, collective où les visiteurs sont libres de déambuler, s’asseoir, toucher… En mêlant musique et plaisir esthétique, elles permettent d’adopter un angle nouveau, argumente-t-il. En relevant que les impressionnistes sont le choix privilégié de ces expositions, Ségolène Le Men estime qu’il s’agit d’expériences et non d’un apprentissage: loin de proposer une exposition, qui suppose un parcours au milieu des originaux, mobilise l’intelligence du regard, une exposition immersive offre une expérience lumineuse, émotive.






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