Il se battra pour retrouver sa famille malgré la peur de parler: après près de cinq ans de détention, l’avocat chinois Wang Quanzhang, condamné pour subversion, accuse le régime communiste d’utiliser le coronavirus comme prétexte pour entraver ses droits.

L’avocat Wang Quanzhang et sa femme Li Wenzu à Wulian en Chine, sur une photo fournie par Mme Wenzu le 28 janvier 2019 I Li Wenzu AFP / Archives / HANDOUT
Arrêté en 2015 lors d’un coup de filet contre quelque 200 défenseurs des droits de l’Homme, l’avocat de 44 ans est le dernier à avoir été relâché: il a quitté la prison début avril mais n’a toujours pas pu retrouver sa femme ni son fils.
Cette fois, ils se servent de l’épidémie comme prétexte pour limiter ma liberté de mouvement, explique Me Wang, qui a été placé en quarantaine à sa sortie de prison.
Mais malgré la fin des 14 jours de quarantaine, il n’a toujours pas été autorisé à quitter sa ville natale de Jinan (est) pour regagner son domicile de Pékin, à 400 km au nord, malgré cinq tests négatifs de dépistage au coronavirus. Visiblement vieilli et fatigué, toussant à plusieurs reprises pendant l’entretien, le quadragénaire refuse de s’étendre sur ses conditions de détention et l’accusation de torture proférée par certains de ses soutiens à l’étranger. L’avocat, qui dit souffrir d’hypertension, explique qu’il peine à se remettre du temps passé derrière les barreaux.
Je m’essouffle même après une courte marche à pied. Je pensais que mon corps se remettrait rapidement de la prison mais à présent je me rends compte que ce n’est pas le cas. Je n’ai pas beaucoup d’énergie, confie-t-il.
Pendant sa détention, son épouse, Li Wenzu, s’est démenée pour attirer l’attention internationale autour du cas de son mari, allant jusqu’à se raser les cheveux. En 2018, elle a été reçue par Angela Merkel lors d’une visite de la chancelière allemande à Pékin. Wang Quanzhang se dit très reconnaissant et extrêmement ému du soutien qu’il a reçu de l’étranger. L’avocat chinois a pu recevoir lundi sa première visite, celle de son avocat, Xie Yang, puis le lendemain celle de sa soeur. Il a pu récupérer son téléphone portable. Le département d’Etat américain a appelé lundi la Chine à rendre à l’avocat sa liberté de mouvement afin qu’il puisse, entre autres, retrouver sa femme et son fils. Pékin a répondu qu’il rejetait cette ingérence dans ses affaires intérieures. Sa femme quant à elle ne veut pas prendre le risque de se rendre à Jinan car elle craint d’être elle aussi assignée à résidence avec son mari. Selon elle, les autorités bloquent le retour de Wang Quanzhang dans la capitale car elles craignent que les mauvais traitements qui lui ont été infligés pendant sa détention apparaissent au grand jour. La police locale reste injoignable pour commenter ces informations, selon un de nos confrères sur place.