Coup de projo’ sur un Concours qui a évolué au fil des années et qui trouve au Salon International de l’Agriculture (SIA) une scène unique pour tous les professionnels qu’ils en soient acteurs ou spectateurs.

Des éleveurs arrivent avec leurs vaches au Salon de l’agriculture, le 21 février 2020 Porte de Versailles, à Paris I AFP / Martin BUREAU
L’exil a-t-il du bon ? Si le futur Napoléon III se serait volontiers passé de ces années hors de France par la volonté du gouvernement de Louis-Philippe, c’est pourtant bien d’Angleterre, où il s’est replié, qu’il reviendra dans l’Hexagone avec une idée précieuse pour l’avenir de l’agriculture.
Le futur empereur avait découvert les premiers concours agricoles organisés outre-Manche, explique Benoît Tarche à Quotidien Libre, Commissaire Général du Concours Général Agricole depuis 2015. Une fois au pouvoir, il a lancé l’idée d’un concours national ayant un réel impact sur le monde agricole et mettant en valeur sa production comme ses acteurs .
Ainsi naît, en 1870, le tout premier Concours Général Agricole à l’échelle nationale, qu’abritera au début le Palais de l’Industrie, sur les Champs-Élysées. Le monde rural français avait déjà commencé à se mobiliser en organisant, dans les régions, ses premières assemblées agricoles. Mais jamais, jusqu’alors, on n’avait envisagé de créer un tel événement réunissant, à Paris, toute la crème de l’agriculture hexagonale. D’une édition à l’autre, le concours s’étoffe. Les filières de l’agriculture dépêchent leurs représentants. Les différents métiers du monde rural se font de plus en plus présents au coeur du concours: animaux, fruits et légumes, matériel agricole, produits fermiers, vins et eaux de vie… Chacun envoie ses champions à la capitale, sachant l’impact que le concours aura pour les gagnants et la région concernée. À l’origine, l’évènement est placé sous l’égide du ministère du Commerce et de l’Industrie ; avant que ne soit enfin créé le ministère de l’Agriculture, onze ans plus tard, en 1881. L’organisation du Concours Général Agricole repose sur une volonté affichée de réactualisation constante:
Tous les ans, nous remettons les choses à plat, précise Benoît Tarche. Nous passons au crible toutes les filières, nous réexaminons tous les secteurs pour être en capacité d’apporter de l’innovation et ainsi pouvoir faire entrer au concours de nouveaux participants représentatifs d’un savoir-faire français.
Tel sera le cas du cacao produit dans les territoires d’Outre-Mer, qui fera son entrée au cours de l’édition 2020. Avec l’émergence d’un marché en pleine expansion, la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion ont relancé, depuis peu, leurs propres plantations de cacao abandonnées au fil du temps au profit de la canne à sucre. Effet bénéfique d’une telle approche, la Martinique a décidé d’entamer une demande officielle d’AOC pour son cacao. Autre nouveauté prévue dès 2020, un partenariat inédit avec les écoles professionnelles chinoises dans le cadre du fameux Trophée National des Lycées Agricoles (TNLA) qui, avec les six autres concours dédiés aux futurs professionnels du secteur agricole, rassemble pas moins de 11 000 élèves pour environ 800 finalistes.
Nous avons constaté que les écoles chinoises étaient prioritairement tournées vers les études de haut niveau, zootechniques ou vétérinaires. Mais avec peu de pratique sur la préparation ou la manipulation des animaux ! Nous y avons vu l’opportunité d’un véritable échange entre nos deux cultures et, surtout, avec nos étudiants.
Dernières innovations et pas des moindres, le challenge caprin inter-lycées promeut les lycées agricoles ayant une spécialisation caprine (élevage et transformation laitière aux AOP). Enfin, l’entrée au Concours Général Agricole des poneys et petits chevaux de races reconnues. Au-delà de l’attractivité événementielle et économique évidente du Concours Général Agricole et de ses différentes sections, l’impact international est loin d’être négligeable:
Nos principaux concours, et notamment ceux des animaux reproducteurs – bovins, ovins, caprins, chevaux de trait – sont retransmis en streaming. En 2019, quelque 65 000 internautes se sont connectés du monde entier pour suivre en direct nos différents concours. Parmi eux, des professionnels de l’élevage et des acheteurs aussi bien asiatiques, sud-africains, qu’américains, rappelle Benoît Tarche.
Plus qu’un simple événement historique, le Concours Général Agricole s’avère être aussi un puissant tremplin international pour le monde agricole, comme pour les régions en termes d’image et de retombées économiques.