[Crise de 1929] Causes et conséquences d’une recession internationale

Le France va sans doute connaître en 2020 sa pire année de récession économique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a estimé Bruno Le Maire lors d’une audition par la commission des Affaires économiques du Sénat. Mais de quoi parle-t-il au juste ?

Foule aux abords du New York Stock Exchange, le 29 octobre 1929 I AFP

Le combat contre le covid-19 est une guerre économique et financière, avait affirmé Bruno Le Maire, en écho aux propos d’Emmanuel Macron le 16 mars dernier, qui avait évoqué pour sa part une France en guerre sanitaire. Une guerre économique durable, violente, et qui doit mobiliser toutes nos forces, avait insisté le ministre de l’Economie. Avec la crise que la France vit aujourd’hui et la période de confinement qui va de pair, la question est de savoir si l’économie française va basculer en récession comme à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Née d’un krach boursier à Wall Street le 24 octobre 1929, la crise s’était propagée dans le monde entier, avec des conséquences dramatiques jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre. En effet, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, les Etats-Unis avaient connu une formidable croissance économique. Personne ne s’imaginait alors qu’en une simple journée à Wall Street le pays s’apprêtait à provoquer l’une des plus graves crises économiques de l’Histoire: la Grande Dépression. De ce fameux jeudi noir de 1929 à la Seconde Guerre mondiale, la débâcle s’était propagée dans le monde entier. Au cours d’une récession de dix longues années, les pays les plus concernés ont connus d’importants bouleversements sociaux et politiques, jusqu’à favoriser l’ascension d’un certain Hitler, en Allemagne.

« Jeudi noir »

Au cours des années 1920, les Etats-Unis entraient dans une phase de reconstruction où l’économie connaissait un certain essor. Mais le système américain était parsemé de failles. Outre la surproduction industrielle, ce dernier reposait principalement sur la spéculation boursière et le crédit. La population empruntait de manière outrancière pour pouvoir investir en bourse. Ainsi, lorsque les prix venaient à baisser, les actionnaires s’empressaient de revendre leurs titres avant qu’ils ne perdent trop de valeur. La panique s’était emparée rapidement de Wall Street le jeudi 24 octobre 1929 et menait irrémédiablement à la journée du jeudi noir, où près de 13 millions d’actions ont été mises en vente. Le cours s’effondrait et toute l’économie américaine sombrait à une vitesse folle. Les industries ne trouvaient plus d’investisseurs et la consommation décroissait sans cesse. L’agriculture, déjà en crise depuis des années, plongeait davantage, en même temps que les valeurs de ses productions. Quant aux banques, confrontées à l’incapacité des actionnaires à rembourser leurs prêts, elles tombaient en faillite les unes après les autres.

La récession des années 1930

Au cours des années 1930, la Grande Dépression s’étendait progressivement au monde entier, les économies étrangères étant plus ou moins dépendantes de la puissance américaine. De par sa politique communiste indépendante, l’URSS a été la seule à échapper à la crise. Partout, les chiffres du chômage connaissaient des hausses sans précédent. C’est ainsi qu’Hitler, après avoir promis le redressement économique de l’Allemagne, a été porté au pouvoir. Ailleurs, les dirigeants tentaient tant bien que mal d’endiguer la déchéance de leurs pays par des dévaluations monétaires et une politique plus protectionniste que jamais.

La politique du New Deal

Aux Etats-Unis, le nouveau président élu en 1932, Franklin Roosevelt, mettait en place le New Deal. Cette nouvelle donne avait pour objectif de freiner les répercussions de la crise avec de grandes mesures telles que le remaniement du système bancaire, le retrait de l’étalon or, la dévaluation du dollar, la régulation de la production agricole, des aides sociales et économiques et le lancement de grands travaux. La politique capitaliste adoptée jusqu’alors empruntait de nouveaux sentiers, puisque l’intervention étatique prenait le pas sur le libéralisme. Ainsi, la crise de 1929 était née d’un système économique puissant en apparence, mais dont les bases demeuraient extrêmement fragiles. Une simple journée a suffi pour ébranler le monde entier pendant dix ans, mettant à jour les faiblesses du capitalisme libéral américain. Pendant que de nombreuses nations tentaient d’émerger, le nazisme gagnait du terrain. Bientôt, le monde entrait dans la Seconde Guerre mondiale.

Dans son budget rectifié adopté mi-mars, le gouvernement français avait dans un premier temps envisagé une récession de 1% cette année, mais Bruno Le Maire a quelques jours plus tard déjà estimé que le repli de l’activité économique serait bien beaucoup plus important. Selon l’Insee, un mois de confinement coûterait environ 3 points de PIB à la France sur un an, et deux mois de confinement environ 6 points.