La tension est montée d’un cran ces derniers jours entre forces de l’ordre et habitants après l’accident samedi d’un motard à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) impliquant la police et dont les circonstances demeurent toujours floues.

Villeneuve-la-Garenne (nord de Paris), le 20 avril 2020, dans un climat tendu après des échauffourées entre forces de l’ordre et policiers I AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT
Samedi, vers 22h00, un homme de 30 ans qui circulait sans casque sur une moto de cross a eu la jambe gauche fracturée après avoir heurté la portière ouverte d’une voiture de police banalisée qui se trouvait à l’arrêt à un feu rouge. L’accident, en plein confinement, a rapidement enflammé les réseaux sociaux, alimentés par des vidéos de témoins dénonçant une bavure policière, et provoqué des échauffourées dans la ville le soir-même. Une enquête pour menaces et outrages contre personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte pour ces faits. Dans la nuit de lundi à mardi, des incidents sporadiques ont à nouveau éclaté dans plusieurs quartiers de la banlieue parisienne. A Villeneuve-la-Garenne, des tirs de mortiers d’artifice ont été effectués peu avant minuit. Les incidents ont commencé un peu plus tôt dans la commune voisine d’Asnières, avec des tirs similaires.
En Seine-Saint-Denis, des poubelles ont été incendiées à Aulnay-sous-Bois et Saint-Denis vers 22h30. A Saint-Denis, la situation était redevenue un peu plus calme peu après 23h00, sans affrontements avec la police, a précisé la préfecture à Quotidien Libre. Des tirs de mortiers avaient déjà visé les forces de l’ordre à Villeneuve-la-Garenne dans la nuit de dimanche à lundi. Ces heurts font l’objet d’une enquête, notamment pour dégradations et violences sur policiers. Ailleurs dans les Hauts-de-Seine, les policiers avaient également essuyé dans la nuit des jets de projectiles à Rueil-Malmaison, Suresnes et Gennevilliers, où une vingtaine de poubelles ont été incendiées, selon des bilans policiers. D’autres incidents sporadiques s’étaient également produits dans d’autres départements d’Île-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis, à Aulnay-sous-Bois, Villepinte et Neuilly-sur-Marne. Sur l’ensemble de l’Ile-de-France, une quinzaine de voitures et une cinquantaine de poubelles avaient été incendiées. A ce stade, aucun lien n’a pu être établi par les autorités entre ces incidents et l’accident de Villeneuve.
Ces agissements sont évidemment intolérables et appellent une réponse de fermeté, a déclaré la porte-parole du ministère de l’Intérieur Camille Chaize. A ce stade, ils demeurent néanmoins de relativement faible intensité, a-t-elle cependant relevé.
La porte-parole a souligné que pour les jours à venir, des dispositifs (de police) gradués (étaient) prévus pour l’ensemble des départements de petite et grande couronne, assurant qu’il n’y avait pas de problème capacitaire en matière d’effectifs. Sur le volet de l’accident, une enquête a été ouverte par le parquet de Nanterre pour en déterminer les circonstances exactes, qui font l’objet de versions contradictoires. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices) a également été saisie. Du côté des autorités, on assure que les policiers ont ouvert la portière pour procéder au contrôle du jeune homme qui roulait à vive allure et aurait manqué de renverser l’un d’eux avant de percuter leur voiture.