Le covid-19 provient-il d’un laboratoire de Wuhan ? L’hypothèse prise très au sérieux

Les États-Unis n’excluent pas que le covid-19 à l’origine de la pandémie qui a déjà tué plus de 140 000 personnes dans le monde provienne d’un laboratoire chinois à Wuhan. Washington, Paris et Londres expriment des doutes sur les informations fournies par la Chine au début de l’épidémie. Les Etats-Unis mène une enquête exhaustive pour faire la lumière sur l’origine du virus.

L’Institut de virologie de Wuhan du laboratoire du laboratoire P4 de haute sécurité biologique I Capture d’écran / photo à usage médiatique

Le nouveau coronavirus est soupçonné d’être apparu fin 2019 dans un marché en plein air de la ville chinoise de Wuhan, où sont vendus des animaux exotiques vivants. Les experts ont découvert qu’il était proche d’un virus présent chez des chauves-souris, qui aurait muté et se serait transmis à l’une des espèces vendues sur ledit marché, d’où le virus aurait ensuite contaminé des humains. L’animal intermédiaire n’a pas encore été identifié avec certitude:

Nous menons une enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur la façon dont ce virus s’est propagé, a contaminé le monde et a provoqué une telle tragédie, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo sur la chaîne Fox News.

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— Fox News (@FoxNews) April 16, 2020

Deux médias américains ont rapporté toutefois des informations qui ouvrent une autre piste. Selon le Washington Post, l’ambassade des États-Unis à Pékin, à la suite de plusieurs visites à l’Institut de virologie de Wuhan du laboratoire P4 de haute sécurité biologique, avait alerté à deux reprises (il y a 2 ans), le département d’État américain sur les mesures de sécurité insuffisantes du laboratoire précité, qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris.

Pékin dément

Fox News rapporte que plusieurs sources concordantes, dont la chaîne d’informations ne précise pas la nature, pensent désormais que l’actuel coronavirus émane de ce même laboratoire. À la différence de plusieurs thèses complotistes largement démenties par les experts, selon lesquelles il aurait pu s’agir d’un agent pathogène créé par les autorités chinoises, voire d’une arme bactériologique, le média conservateur américain évoque un virus naturel, étudié dans le laboratoire. Sa fuite ne serait pas volontaire, mais due aux mauvais protocoles de sécurité de l’institut visé. Dans cette hypothèse, le patient zéro serait un employé du laboratoire, qui aurait propagé le virus dans la population après avoir été contaminé accidentellement. Interrogé jeudi, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a démenti cette possibilité:

De nombreux experts médicaux réputés dans le monde estiment que l’hypothèse d’une soi-disant fuite n’a aucune base scientifique, a-t-il déclaré, estimant que l’origine du virus devait faire l’objet d’études de spécialistes.

Mais au sommet de l’État américain, on semble accréditer cette piste. Interrogé mercredi à la Maison Blanche, Donald Trump s’est montré évasif sur le sujet:

Je peux vous dire que nous entendons de plus en plus cette histoire. Nous allons voir, a répondu le président américain, assurant que cette horrible situation faisait l’objet d’un examen très approfondi.

Son secrétaire d’État n’a lui démenti ni les informations du Washington Post, ni celles de Fox News:

Rien que le fait de se poser ces questions, rien que le fait que nous n’en connaissions pas les réponses, que la Chine n’a pas partagé ses avis, cela en dit long, a dit Mike Pompeo. Ce que nous savons, c’est que l’Institut de virologie de Wuhan n’est qu’à quelques kilomètres du marché de rue. Il y a encore beaucoup à apprendre de la situation, a-t-il insisté.

Le chef de la diplomatie américaine est en première ligne pour dénoncer le manque de transparence des Chinois, voire une opération de dissimulation de Pékin pour cacher initialement la gravité du virus. Longtemps surnommé virus de Wuhan, les Etats-Unis ont cessé d’employer cette formule qui continue d’agacer Pékin à la suite d’une trêve informelle Trump-Xi (fin mars) dans la guerre des mots entre les deux grandes puissances sur les responsabilités autour de cette pandémie. Pompeo fait-il un usage politique des interrogations soulevées par la chaîne américaine pour enfoncer le clou à l’égard du grand rival des États-Unis ? Le ministre américain de la Défense Mark Esper et le chef d’état-major Mark Milley se sont en tout cas montrés plus prudents sur l’origine du virus:

Pléthore d’éléments à ce stade indiquent qu’il était naturel, d’origine naturelle, a dit le premier. Le second a semblé balayer des rumeurs et spéculations, assurant que rien ne permettait en l’état de confirmer ces hypothèses.

A ce stade, nous ne sommes sûrs de rien, a ajouté le général Milley. Mais nous trouverons.

Pour rappel, en 2004, la France et la Chine ont signé un accord de lutte contre les maladies infectieuses émergentes. Le 16 juin 2016, les deux pays s’étaient réunis au sein même de cet Institut de virologie à Wuhan, pour une cérémonie de réception.