Les eurodéputés ont approuvé la réforme européenne du droit d’auteur, une victoire pour les grands groupes de presse et les artistes célèbres mais un revers pour les géants américains du numérique, comme Google, et les partisans de la libertés du net.

Manifestants favorables à la réforme européenne du droit d’auteur, le 26 mars 2019 à Strasbourg I AFP / FREDERICK FLORIN
Sur les 658 eurodéputés présents en plénière à Strasbourg, 348 ont dit oui à la réforme, 274 s’y sont opposés et 36 se sont abstenus. Présentée par la Commission européenne en septembre 2016, cette réforme aux enjeux financiers conséquents a fait l’objet d’un lobbying sans précédent de la part de ses partisans comme de ses opposants, mobilisés jusqu’au dernier jour. Le texte entend adapter à l’ère du numérique la législation européenne du droit d’auteur, datant de 2001, une époque où YouTube, détenu par Google, n’existait pas.
C’est une victoire historique pour les créateurs européens, qui pourront désormais exercer leurs droits et recevoir une rémunération équitable de plateformes telles que YouTube, s’est félicité le groupement européen des sociétés d’auteurs et compositeurs (GESAC), qui représente plus d’un million d’ayants droit dans le domaine de la musique, des arts plastiques, de l’audiovisuel, du théâtre…
Les partisans de la réforme insistaient pour que les géants américains, tels Google et Facebook, qui profitent des retombées publicitaires générées par les oeuvres qu’ils hébergent, rétribuent plus justement les créateurs. Dans l’autre camp, les géants de la Silicon Valley, mais aussi les partisans d’un internet libre, craignaient de voir restreint ce canal de diffusion. Samedi, des manifestations avaient eu lieu un peu partout dans l’UE, à l’appel de Save the internet, collectif que Google affirme ne pas financer et qui est mobilisé depuis des mois pour la défense de l’échange libre d’opinions sur internet. En Allemagne, coeur du mouvement de contestation, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes du pays. Dans le collimateur des opposants à la réforme, deux articles. Le 13 qui a pour objectif de renforcer la position de négociation des créateurs et ayants droit (compositeurs, artistes…) face aux plateformes comme YouTube ou Tumblr, qui utilisent leurs contenus. Il tient désormais les plateformes juridiquement responsables des contenus, les forçant à s’assurer qu’ils respectent bien le droit d’auteur. Or, pour trier les contenus, le plus simple est d’utiliser des filtres de téléchargement automatiques, mais ceux-ci sont accusés par les partisans de la liberté sur internet d’ouvrir la porte à une forme de censure.
Les filtres de téléchargement ne fonctionnent pas pour la simple raison que les algorithmes sont incapables de faire la différence entre les violations du droit d’auteur et les usages légaux, comme par exemple les parodies, s’est emporté Julia Reda, une eurodéputée allemande de 32 ans, seule représentante du Parti pirate au parlement européen.
Les Etats membres (qui doivent encore donner leur aval définitif à la réforme) auront deux ans pour transposer le texte dans leur droit national après sa publication au journal officiel de l’UE. Le texte ne devrait par conséquent entrer en vigueur qu’en 2021 et surtout la transposition laisse une certaine marge d’interprétation par les différents pays de l’UE.

































