Marian Kocner a été inculpé pour avoir ordonné le meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak, a annoncé un procureur, à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle en Slovaquie.

L’homme d’affaires slovaque Marian Kocner au tribunal de Bratislava, le 28 juin 2018 I AFP/Archives / TOMAS BENEDIKOVIC
Jan Kuciak et sa compagne Martina Kusnirova ont été tués chez eux en février 2018. Le journaliste s’apprêtait à rendre public un rapport sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour des fonds agricoles européens. Le meurtre de Jan Kuciak et son rapport publié à titre posthume ont provoqué des manifestations de rue massives dans toute la Slovaquie, un pays de 5,4 millions d’habitants, et poussé le Premier ministre Robert Fico à la démission. Depuis, il a été remplacé à ce poste par Peter Pellegrini.
Le 8 mars, le parquet a mis en examen Marian K. pour avoir ordonné le meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak, a déclaré à la presse un procureur dont le nom n’a pas été divulgué pour des raisons de sécurité. Le travail journalistique de la victime a été le mobile du meurtre. L’enquêteur fonde son accusation sur une preuve objective qui ne peut être pour l’instant divulguée. Nous n’avons pas encore retrouvé l’arme mais nous savons, preuve à l’appui, de quel type d’arme il s’agissait.
Dans ses articles, Jan Kuciak a parlé des affaires touchant Marian Kocner, qui, à 55 ans, est le propriétaire de plusieurs sociétés immobilières. Quatre autres personnes impliquées dans le meurtre avaient déjà été inculpées l’année dernière, dont une ancienne interprète de M. Kocner. Peter Bardy, l’ex-rédacteur en chef de Jan Kuciak, a révélé en 2017 que Marian Kocner avait appelé ce dernier pour le menacer. M. Kocner a annoncé à l’époque qu’il allait diffuser des informations sur la vie privée de journalistes, selon le quotidien SME. Soupçonné de fraudes, il a été arrêté en juin 2018 et placé en détention. Selon des médias, il a eu des liens avec des membres du parti social-démocrate Smer-SD au pouvoir, toujours présidé par Robert Fico. La décision du parquet intervient juste avant l’élection présidentielle, qui précédera les législatives de l’an prochain. La favorite du scrutin, Zuzana Caputova, est une critique de l’actuel gouvernement et a elle-même participé à des manifestations de rue après le meurtre du journaliste. Quelque 30.000 personnes ont défilé en février dans la capitale Bratislava et des milliers d’autres dans 36 autres villes et villages de Slovaquie pour marquer le premier anniversaire du double assassinat. Les sondages placent Mme Caputova loin devant son principal rival, le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, indépendant, mais soutenu par le parti au pouvoir.