« Mon objectif est de devenir la meilleure version de moi-même »

Pierre-François Valette, 26 ans, jeune pousse de la Chambre syndicale de la couture parisienne, augure d’une nouvelle ère dans la modosphère. #Portrait

Pierre-François Valette I ©Studio Daguerre

Arpentant de ses premiers pas les coursives de la maison Saint Laurent, ce compendium de l’une des meilleures écoles de mode parisienne incarne une démonstration. Ni le népotisme, ni le hasard n’auront eu raison de la destinée du parcours déterminé d’un jeune homme. L’accession à un rêve, quel qu’il soit, relève de convictions sans concession, au risque d’ébranler celui qu’autrui définit pour soi. L’avenir, surtout le sien, doit savoir se dessiner autrement, s’il se veut d’une authentique consonance avec ses aspirations. Le parcours de Pierre-François Valette illumine cet axiome. Il faut dire que l’affirmation de sa personnalité a réécrit dans ses choix une partition, avec des résonances en défi aigu aux sonnailles discordantes. Destiné à un avenir de notaire à la faveur de ses brillantes études de droit, Pierre François a décidé -après l’obtention de sa licence- de renoncer à cette voie, trop tracée, tristement monochrome. Sa fusée était programmée autrement, propulsée par l’apophtegme de sa grand-mère:

Il est capable ce petit-là !

Imprégné depuis son plus jeune âge de l’univers artistique de l’opéra -choriste et musicien- , ce jeune créatif vibre de tonalités et respire un souffle de liberté. L’école de mode s’imposera à lui. L’exigence de la sélection de la Chambre syndicale de la couture sera séduite par sa présentation en émotion, véracité et humilité. Dès sa première heure de cours, il adressera un message à sa mère:

C’est vraiment ce que je veux faire.

Et ses quatre années de formation transcenderont son inspiration… par l’excellence pédagogique de ses enseignants et une belle expérience professionnelle auprès d’Isabel Marant. Jeune pousse, le garçon s’accomplit en confrontant ses limites, l’être humain est incroyable… à condition qu’il soit stimulé. Par des innés d’abord: ceux d’un père, éminent cardiologue, fils de paysan, élevé avec la rigueur militaire, qui lui a transmis l’exigence du travail et le sens de la pugnacité; ceux de sa mère, arrivée à Marseille en 1962, d’un bateau d’Alger, avec une poupée et des couverts… devenue depuis neurologue pédiatre réputée; mais aussi par des acquis se déployant aujourd’hui en feux d’artifice chez Saint Laurent, dans le cadre de sa formation. Vivifié par la jeunesse des équipes et leur puissance inventive, et s’émouvant de toute l’âme de Monsieur Yves, Pierre-François découvre au sein du studio de création autant de chose qu’il se découvre lui-même. Personnalité entière, le jeune homme avoue se donner entièrement à l’illustre Couturier, captant son univers au prisme d’un adage célèbre de son créateur Tout terriblement. Emprunt des mots de Jean Cocteau « Le tact dans l’audace c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin », sa vision de la mode humaine, émotionnelle et narrative bousculent les codes. Pierre-François saura les exalter et audacieusement les décrocher… pour autre chose, d’irrésistiblement novateur. Retenez-bien son nom. Attention, talent !