On pensait qu’elle connaîtrait le même sort que le Minitel, les VHS ou la cabine téléphonique: la cassette audio au parfum d’antan est à nouveau produite depuis novembre par une PME d’Avranches (Manche) qui en exporte dans une trentaine de pays.

Une nouvelle cassette audio sortie de l’entreprise Mulann à Avranches (Manche) le 14 mars 2019 I AFP / CHARLY TRIBALLEAU
Début 2017, plusieurs professionnels du son ont toqué à la porte de cette petite entreprise proche du Mont-Saint-Michel, spécialisée dans la fabrication des bandes magnétiques. Motif: les stocks mondiaux de bande pour cassette s’amenuisent. Face au CD, puis au streaming, la « K7 » a d’abord décliné avant de disparaître presque complètement, en gardant toutefois quelques audiophiles amoureux des face A et face B.
On s’est dit ‘là il y a un truc qui se passe et qu’on n’avait pas du tout venir’, reconnaît Jean-Luc Renou, PDG de Mulann, qui affiche un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros.
Habituée à vendre des bandes magnétiques servant aux tickets de métro ou aux péages, ou aussi des bandes audios pour les studios d’enregistrement et l’industrie militaire (sous-marins), la PME d’une quarantaine de salariés décide de saisir la balle au bond: elle détache cinq personnes au développement des bandes pour cassette que la PME n’avait jamais produites auparavant. Après un an de recherche, la « K7 » est commercialisée en novembre alors qu’elle n’était plus produite en France depuis une vingtaine d’années.
On est parti d’une formule chimique qu’on avait déjà sur la bande audio haut de gamme et il a fallu résoudre des problèmes techniques de l’enduction (positionnement de l’enduit sur un support plastique, Ndlr) et de la découpe, note M. Renou, rappelant que le degré de précision se mesurait en micron.
Au milieu des machines, dont certaines évoquent des métiers à tisser, et d’une odeur de solvant, Laurent, opérateur de découpe selon son terme exact, vérifie minutieusement la qualité des bandes.
On met 89 mètres dans une cassette de 60 minutes!, s’exclame-t-il
Les cassettes au design orange et noir volontairement vintage, vendue €3,49 l’unité, sont produites par milliers chaque mois tandis que les bandes audios sont, elles, exportées à des réplicateurs, des professionnels du son qui enregistrent l’album sur un support pour un label.

































