Zemen Zerihun pensait avoir gagné un ticket pour une vie meilleure quand, arrivant de sa ferme natale, il a décroché un emploi d’ouvrier du textile dans le parc industriel de Hawassa, dans le sud de l’Ethiopie.

Des employées d’une usine de confection dans le parc industriel de Hawassa, le 1er octobre 2019 dans le sud de l’Ethiopie I AFP / Eyerusalem JIREGNA
Mais au bout de quelques mois, le jeune homme de 22 ans a claqué la porte, las de travailler dans des conditions stressantes pour assurer la productivité, huit heures par jour, six jours par semaine, sans pouvoir vivre décemment avec un salaire de 31 euros par mois. Là-bas, les superviseurs vous traitent comme des animaux, explique-t-il. Trop lent, Paresseux, lui hurlaient-ils si la cadence de la chaine de production ralentissait. Ils étaient si stricts qu’ils suivaient les ouvriers aux toilettes pour s’assurer qu’ils ne perdent pas plus de temps que nécessaire.
J’ai souffert, dit-il.
Cet exemple illustre un des principaux défis auxquels doivent faire face les autorités éthiopiennes qui veulent industrialiser le pays pour le rendre moins dépendant de l’agriculture. L’idée est de suivre le modèle de la Chine et d’autres nations asiatiques en attirant des investissements étrangers grâce à une main d’oeuvre bon marché, en bâtissant un robuste secteur manufacturier à même de fournir des emplois aux jeunes. De fait, l’activité industrielle dans les douze parcs existants a créé des dizaines de milliers d’emplois. Mais en dépit d’un taux de chômage élevé, les jeunes refusent de travailler pour un salaire de misère dans des conditions déplorables: des milliers d’entre eux ont préféré démissionner. A Hawassa, le taux de renouvellement du personnel avoisinait les 100% en 2017-2018, selon un rapport du Stern Center for Business and Human Rights de l’université de New York, publié en mai 2019.
Industrialisation à tout prix
Les coûts additionnels liés au recrutement et à la formation des nouveaux employés se sont révélés considérablement plus élevés que ce que le gouvernement avait initialement évoqué, poursuit le rapport. Le Premier ministre Abiy Ahmed considère ces parcs industriels comme un moteur de croissance qui pourrait permettre d’éviter les troubles avant les élections prévues en août 2020. Dès 2014 - quatre ans avant son arrivée au pouvoir - le gouvernement a réalisé que le secteur agricole, principal pourvoyeur d’emplois du pays, ne pourrait pas produire assez de postes pour une population en augmentation constante, analyse Arkebe Oqubay, un des architectes de la stratégie. Selon la Banque mondiale, deux millions de nouvelles personnes entrent chaque année sur le marché du travail en Ethiopie, qui connaît une des croissances économiques les plus rapides du continent. Mais malgré les efforts, la manufacture ne représente toujours que 10% environ des activités économiques du pays. Le projet phare du parc Hawassa, un site rassemblant 52 usines textiles américaines, européennes et asiatiques, a ouvert en 2017. Environ 30.000 travailleurs y cousent nuit et jour des t-shirts, des vêtements de sport. Vingt-neuf autres parcs industriels doivent voir le jour à travers le pays d’ici la fin de l’année, dans des secteurs comme la production de machines ou les technologies de l’information et de la communication, note M. Arkebe. Cette politique a déjà porté ses fruits: les investissements étrangers directs ont atteint 4,3 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) en 2017, quatre fois plus que cinq ans auparavant. Mais les bas salaires restent sous le feu des projecteurs. Les travailleurs d’Hawassa sont les ouvriers du textile les plus mal payés au monde, avec un salaire de base de 23,4 euros, selon le Stern Center. Gagner si peu n’est pas rare dans un pays qui n’a pas instauré de salaire minimum.


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