Plus de six mois après la disparition de l’étudiante strasbourgeoise Sophie Le Tan, l’étau se resserre autour de l’unique suspect: l’ADN de la jeune femme a été retrouvé sur une scie de Jean-Marc Reiser, qui a de nouveau clamé son innocence face à la juge d’instruction.

Des portraits de Sophie Le Tan, à Schiltigheim dans le Bas-Rhin 20 septembre 2018 I AFP, FREDERICK FLORIN
Les résultats d’une expertise, versés il y a quelques jours au dossier, ont mis en évidence la présence de l’ADN de cette étudiante de 20 ans sur le sang découvert sur le manche d’une scie saisie par les enquêteurs dans la cave de M. Reiser, a indiqué une source proche du dossier, à l’issue de près de huit heures d’audition du suspect par la juge Eliette Roux. Confronté aux résultats de cette expertise, M. Reiser, 58 ans, s’est montré confus, selon cette même source.
L’un de ses avocats, Me Pierre Giuriato, a indiqué ne pas pouvoir se prononcer sur cette information qu’il n’a souhaité ni confirmer ni infirmer.
Sophie Le Tan a disparu le 7 septembre 2018 au matin, alors qu’elle était partie visiter un appartement à Schiltigheim, près de Strasbourg. Elle est depuis introuvable, malgré les fouilles des enquêteurs et plusieurs battues citoyennes dans la région. Déjà condamné notamment pour viols, Jean-Marc Reiser avait mis en ligne l’annonce immobilière à laquelle avait répondu la jeune femme. Il avait été arrêté quelques jours après la disparition, grâce à des données téléphoniques. Des traces de sang de Sophie Le Tan, qu’on a manifestement tenté d’effacer, avaient été retrouvées dans son appartement.
Concernant la présence de sang sur une scie retrouvée chez M. Reiser, Me Giuriato a reconnu qu’il avait été question de cet objet pendant l’audition. Il a toutefois évoqué des rapports d’expertises (…) pas définitifs. Il faudra attendre qu’ils soient déposés pour pouvoir se prononcer là-dessus, a-t-il tempéré.
A ses yeux, aucun lien ne peut pour l’instant être fait avec la disparue. Autre élément troublant: des traces de sang retrouvées sur un pantalon de son client ont été abordées mais, là encore, le conseil n’a pas souhaité se prononcer.
Il a appelé à attendre les rapports (définitifs) qui vont permettre ou non un éventuel lien entre M. Reiser et la victime.
L’avocat a insisté sur le fait que son client, interrogé pour la deuxième fois après une première audition le 5 octobre, avait gardé la même ligne de défense: il est innocent et n’a rien à voir avec la disparition de Sophie Le Tan. Certes, la jeune femme est montée chez lui le jour de sa disparition, mais elle était blessée à la main, elle saignait.
Il lui a prodigué des soins et elle est partie, a déclaré le conseil. Pour l’avocat de la famille Le Tan, Me Gérard Welzer, il n’y a au contraire aucun doute sur la culpabilité de M. Reiser.
Les charges accablantes qui existaient contre (lui) existent toujours et sont de plus confortées avec un élément nouveau très important et accablant, a déclaré à l’issue de l’audition l’avocat qui, en tant que conseil des parties civiles, n’a pas pu assister à l’interrogatoire mais a consulté le procès-verbal d’audition.
Il a refusé catégoriquement de préciser la nature de cette nouvelle charge.
M. Reiser a livré un scénario abracadabrantesque qui fait qu’il n’y a aucun doute sur sa culpabilité (…) Si, ce soir, avec les éléments qu’il y a dans le dossier, si M. Reiser passait aux assises, il serait déjà condamné, a-t-il asséné.

































