Les résultats du premier tour des élections législatives anticipées ont marqué un tournant politique majeur, mettant en lumière une crise particulièrement grave pour Emmanuel Macron et son mouvement Ensemble pour la République. Après la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite des élections européennes dominées par le Rassemblement national (RN), Macron espérait réaffirmer son leadership et clarifier le paysage politique français. Mais les Français ont livré un verdict sévère.
Avec 33% des suffrages au premier tour, le Rassemblement national conforte sa position incontestée de premier parti de France, surpassant largement ses adversaires. Jordan Bardella, le leader du RN, mène une campagne centrée sur la sécurité, l’immigration et la souveraineté nationale, des thèmes qui résonne avec un électorat désillusionné par les politiques traditionnelles.
Le RN et ses alliés des Républicains (LR) visent maintenant la majorité absolue à l’Assemblée nationale, un objectif à portée de main après avoir remporté la tête dans 296 circonscriptions sur 577 au premier tour. Si cette majorité est atteinte au second tour, cela marquerait une première cohabitation avec un gouvernement de droite sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Les précédentes expériences de cohabitation entre présidents et Premiers ministres de tendances politiques opposées sous la Cinquième République ont souvent été marquées par des compromis et des concessions. Cependant, l’ambiance politique actuelle laisse entrevoir une cohabitation beaucoup plus tendue.
Le résultat du premier tour a également mis en lumière un rejet définitif de la politique menée par Emmanuel Macron. Malgré les réalisations économiques, une grande partie de l’électorat perçoit le chef de l’Etat comme déconnecté des réalités quotidiennes, un représentant des élites urbaines et financières. Sa tentative de mener une politique centrée à la fois à gauche et à droite n’a pas convaincu un électorat diversifié, notamment les habitants des zones rurales et périurbaines.
Selon un expert politique français, « les électeurs ont utilisé ces élections comme un référendum sur Macron lui-même », exprimant leur mécontentement par un vote massif pour le RN. Ce rejet est renforcé par une cote de popularité personnelle historiquement basse de 27%, selon les derniers sondages.
À l’approche du second tour prévu le 7 juillet prochain, l’incertitude règne quant à l’avenir politique de la France. Les consignes de vote des autres forces politiques joueront un rôle capital dans la composition finale de l’Assemblée nationale. Tandis que certains partis de gauche ont déjà annoncé leur soutien au candidat le mieux placé pour battre le RN, la droite républicaine se concerte déjà sur la stratégie à adopter face à cette montée en puissance.
Pour Pierre Mathiot, politologue à Sciences Po Lille, les résultats de ces élections anticipées entraîneront des conséquences historiques pour la France.
C’est une grave erreur d’analyse politique de la part de Macron
affirme-t-il, soulignant que le président de la République n’a pas réussi à élargir sa base électorale au-delà de ses soutiens traditionnels.