Le Parlement français marque l’histoire aujourd’hui en se réunissant en Congrès à Versailles pour inscrire explicitement l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Cette décision fait de la France le premier pays au monde à graver l’avortement dans le marbre de son texte fondamental.
Ce débat historique a débuté vers 15h40 dans le cadre solennelle du château de Versailles, où les 925 parlementaires ont été appelés à prendre part à cette étape étrange. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a ouvert la séance, soulignant l’importance de cette démarche et rendant hommage aux femmes qui ont souffert dans leur chair :
Nous donnons une deuxième victoire à Simone Veil
a-t-il déclaré, faisant référence à la loi de 1974 qui avait légalisé l’avortement en France et portée par Simone Veil.
La France se positionne ainsi à l’avant-garde, contrastant avec d’autres pays où le droit à l’avortement est actuellement remis en question. L’inscription de l’IVG dans la Constitution sera ajoutée à l’article 34, une avancée significative saluée par de (trop) nombreux parlementaires.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale et première femme à présider le Congrès, a souligné une position progressiste de la France. Cependant, le Vatican a vivement réagi, déclarant qu’à l’ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de « droit » à supprimer une vie humaine.
Pour cause, au cœur du débat sur l’avortement, se situe la question épineuse et décisive de la nature de l’embryon. Cet embryon qui – de sources scientifiques – n’est pas simplement une masse de cellules, mais un être vivant organisé, présentant une finalité, une autonomie et une capacité d’auto-reproduction. Son développement autonome dès le départ le définit comme un individu unique.
La remise en question du « droit à l’avortement » se fonde aussi sur la conviction que tout individu a le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne, comme énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Cette observation explore également le rôle de la médecine, soulignant que l’avortement va à l’encontre du serment d’Hippocrate et pose des risques parfois graves, pour la santé des femmes.
Le débat soulève enfin la question de l’eugénisme, mettant en garde contre une sélection précoce, consciente ou non, des enfants à naître.
À quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes et du cinquantième anniversaire du vote de la loi Veil, cette réunion du Congrès représente pour beaucoup en France le couronnement d’une longue bataille politique surtout initiée par la gauche et soutenue par les associations féministes.
Même la droite et l’extrême droite, historiquement opposées ou sceptiques, ont fini par voter majoritairement en faveur de cette réforme. Cette évolution est particulièrement notable au Sénat, considéré comme le principal obstacle au projet.
La mobilisation autour de cette réforme a été dense, avec des partisans suivant le débat au Trocadéro, à Paris, grâce à une retransmission sur écran géant. Des opposants à l’IVG seront mobilisés à Versailles en début de soirée pour exprimer leur désaccord.