42,9° c à Mirande, 42,5°C à Montauban et à Agen, 41,4°C à Lyon… Les thermomètres ont continué jeudi de pulvériser les records dans un pays en quête de fraîcheur, dans l’attente de la levée de la vigilance rouge vendredi à l’aube.
Le niveau rouge d’alerte canicule a été levé ce vendredi à 06H00, a annoncé Météo-France, précisant que les températures commenceront à baisser mais resteront élevées près de la Méditerranée, dans la vallée du Rhône et jusqu’aux Alpes, avec des valeurs allant de 34 à 39°C.
En attendant, « on est sur une série de trois journées les plus chaudes enregistrées après un 15 août à l’échelle de la France », a précisé jeudi à Quotidien Libre Lauriane Batté, climatologue au sein de Météo-France.
A Lyon, face aux températures insupportables, certains n’ont pas hésité à louer une chambre d’hôtel climatisée pour dormir mais aussi « pour travailler au frais », confie une réceptionniste du Mama Shelter local. Un peu partout, des risques d’orages violents, de fortes pluies, de chutes de grêle et de rafales de vent ont été signalés. Dans l’Aisne et la Somme, 10.000 clients ont ainsi été privés d’électricité jeudi matin en raison des dégâts causés par le vent et les orages, selon Enedis.
Ces intempéries ont aussi perturbé la circulation des TER et engendré des retards allant jusqu’à 2h30 au départ de la gare du Nord à Paris, a indiqué pour sa part la SNCF. De même en Côte d’or le trafic des TER Dijon-Lyon a été interrompu après la chute d’un arbre due aux violents orages dans la zone, selon la même source.
Au même moment, l’alerte canicule était rouge pour 17 départements et orange pour 39 autres.
A Toulouse, le syndicat CGT des livreurs ubérisés a appelé les plateformes à suspendre les livraisons, en évoquant une « question de vie ou de mort »: « Comment peut-on demander à des livreurs de pédaler pendant des kilomètres quand on bat des records historiques de températures à Toulouse ? », souligne le secrétaire général Yohann Taillandier.
A Bordeaux, Saul, 36 ans, sans domicile fixe et père de deux enfants, évoque « une galère » qu’il espère « passagère ». Pour venir en aide aux personnes dans le besoin, la mairie a notamment mis en place une halte de jour place Stalingrad. « C’est le seul endroit où tu peux trouver à manger, prendre des douches. C’est la troisième fois que je viens », souligne-t-il.
A Firminy, au sud de Saint-Etienne, les habitants de l’ensemble Le Corbusier, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, mais sans volet et sans climatisation, ont multiplié les initiatives pour échapper à la fournaise: draps mouillés pour rafraichir l’air, déploiement de ventilateurs, tenue vestimentaires minimalistes, eau sur le sol du balcon pour abaisser la température du carrelage.
Trouver le frais
Comment, dans ces conditions, trouver le frais quand on est loin d’une plage? Dans les piscines gratuites, les cinémas ou les musées. Celui, climatisé, des Beaux-Arts de Lyon a accueilli mercredi après-midi 1.400 visiteurs, « le double d’une fréquentation moyenne en juin et juillet », en lien avec la gratuité décidée par la ville « et la canicule », explique Emmanuelle Humbert, secrétaire générale.
Le cinéma Lumière, dans le centre de Lyon note aussi une fréquentation plus forte, « pas forcément due à une hausse de très bons films mais vraiment une hausse de températures », observe le directeur Flavien Poncet. « Et cet été particulièrement, on a beaucoup de films qui font plus de deux heures et demie trois heures… ».
On profite aussi des heures les moins torrides dans les parcs, comme celui de la Tête d’or investi dès le début de matinée par des joggeurs. L’épisode caniculaire a aussi provoqué des pics de pollution à l’ozone, comme en PACA où la Région a annoncé une baisse de 75% sur les tarifs de ses TER et bus, ou en Occitanie.
L’alerte de niveau 2 pour la pollution à ce gaz sera levée à compter de vendredi dans les quatre départements jusque-là concernés: le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. Cette canicule durable est propice, dans les zones frappées de sècheresse, aux incendies: dans les Hautes-Alpes, 32 hectares ont été parcourus par le feu à Crots, brûlant une maison et une grange et conduisant à l’évacuation d’un hameau.
Les canicules à répétition sont, selon les scientifiques, un marqueur sans équivoque du réchauffement de la planète et ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier, s’allonger, s’intensifier.