Depuis le début de leur mobilisation la semaine dernière, les agriculteurs français ont mis en avant le concept de « concurrence déloyale » pour exprimer leur mécontentement face à l’importation de produits étrangers qui ne respectent pas les mêmes normes que celles en vigueur en France. Les pays principalement pointés du doigt par les producteurs français sont l’Espagne, l’Ukraine et la Nouvelle-Zélande.
Un exemple flagrant de cette concurrence est observé dans le secteur des fruits et légumes. En effet, près de la moitié des fruits et légumes consommés par les Français sont importés en raison de coûts de production moins élevés à l’étranger. Concrètement cette disparité est illustré par la tomate espagnole, dont le kilogramme est un euro moins cher que celui de son homologue français. Cette différence de prix s’explique par une production espagnole plus abondante et des coûts moindres, selon Thierry Pouch, chef économiste des chambres d’agriculture.
La contestation s’étend également aux importations de poulets ukrainiens, de plus en plus présents sur le marché français. La concurrence ukrainienne se justifie non seulement par des coûts de production inférieurs, mais également par des normes moins strictes que celles en vigueur en France. Le partenariat commercial signé en 2015 entre l’Union européenne et l’Ukraine, initialement destiné à s’appliquer progressivement, s’est accéléré en raison des circonstances liées à la guerre. Cette décision a créé une situation où une aide géostratégique s’est transformée en une compétition économique directe.
La menace de la concurrence ne provient pas seulement des pays européens, mais aussi de plus loin. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande suscite des inquiétudes, en particulier parmi les producteurs laitiers français. Les agriculteurs redoutent les conséquences de cet accord sur leurs marchés locaux, alors que des produits étrangers pourraient inonder le marché français à la faveur de la suppression des droits de douane.
La colère des agriculteurs français met en lumière un malaise profond lié à la concurrence internationale qui compromet leur capacité à maintenir des normes de production élevées et à garantir la pérennité de leur secteur. La question de la concurrence déloyale reste au centre des négociations et des revendications des agriculteurs. Cet après-midi, le Premier ministre Gabriel Attal prévoit de se rendre en Haute-Garonne pour y dévoiler des mesures en vue de résoudre les blocages.