La France, engagée dans un ambitieux programme de construction de six réacteurs nucléaires EPR 2, est confrontée à une escalade des coûts, mettant en lumière les défis financiers et logistiques qui accompagnent les projets d’énergie nucléaire.
Initialement estimée à 51,7 milliards d’euros en 2021, la facture de ce vaste chantier aurait grimpé à… 67,4 milliards d’euros, selon une récente enquête de nos confrères du quotidien Les Échos. Cette augmentation spectaculaire de près de 30% en seulement trois ans soulève des préoccupations quant à la viabilité économique du programme, d’autant plus dans le contexte de l’inflation galopante et des tensions géopolitiques mondiales.
Le prix croissant des matières premières, exacerbé par le conflit en Ukraine, ainsi que la hausse des taux d’intérêt, ont incité EDF, en charge de la réalisation du projet, à reconsidérer son évaluation initiale. Les conséquences financières de tels ajustements représentent désormais plus de la moitié du coût total du projet.
Bien que ni EDF ni le ministère de l’Économie n’aient confirmé officiellement ces chiffres, des sources internes suggèrent que la première réévaluation a estimé la facture à 62 milliards d’euros. EDF, conscient de la nécessité de maîtriser les coûts, a lancé un plan de compétitivité visant à optimiser les dépenses et les délais, tout en engageant une réflexion approfondie avec les acteurs de l’industrie nucléaire.
La construction des six réacteurs EPR 2, répartis entre Penly, Gravelines, et Le Bugey, a été approuvée par le président de la République en février 2022. Cependant, les dérapages financiers dans la construction des réacteurs EPR sont devenus monnaie courante, suscitant des inquiétudes quant à la capacité d’EDF à maîtriser ces coûts.
Face à ces défis, EDF a adopté une approche prudente, privilégiant la finalisation détaillée du design des réacteurs avant le lancement effectif de la construction. Cette stratégie vise à minimiser les modifications coûteuses en cours de chantier, basée sur les enseignements tirés des dérapages antérieurs des projets nucléaires.
Si la France s’efforce de moderniser son parc nucléaire, cette hausse significative des coûts souligne la nécessité de trouver un équilibre entre l’innovation technologique, la sécurité énergétique et la gestion rigoureuse des budgets pour garantir la réussite des futurs projets énergétiques de la France.