Depuis la fin de la pandémie de covid-19, la France a vu l’émergence d’une vague inédite de nouvelles librairies. En cinq ans, ce sont pas moins de 600 établissements qui ont ouvert leurs portes, offrant aux lecteurs un éventail toujours plus large de choix littéraires. Cependant, l’enthousiasme initial s’estompe face à des défis économiques et logistiques de plus en plus pressants, menaçant la pérennité de ces commerces essentiels à la culture.
Chaque jour, plus de 200 nouveautés littéraires envahissent les rayons des librairies françaises, imposant un rythme effréné aux libraires. Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française, exprime son inquiétude :
« Ça ne permet pas d’avoir suffisamment de temps pour défendre les livres, c’est beaucoup de logistique et puis ce sont des flux financiers puisque les nouveaux livres qui arrivent il faut les payer, donc il y a de la sortie de trésorerie. Donc ça n’est bon sur aucun plan. »
Les libraires, déjà fragilisés par les aléas économiques récents, se retrouvent donc sous une pression constante. Les coûts associés à l’achat et à la gestion des stocks sont considérables, et le temps manque pour promouvoir chaque nouvelle parution de manière adéquate.
La situation est d’autant plus préoccupante que près d’un dirigeant de librairie sur deux en France ne parvient pas à se payer un salaire. Ceux qui le peuvent dépassent rarement le Smic, un constat alarmant qui reflète la précarité de cette profession pourtant passionnée et essentielle. L’inflation récente n’a fait qu’exacerber ces difficultés, rendant la survie de nombreuses librairies un véritable combat quotidien.
Delphine, libraire depuis trois ans, témoigne de cette réalité :
L’objectif et l’enjeu premier, c’est d’arriver à sortir les salaires dans les mois qui viennent pour pouvoir garder notre établissement. On n’a pas envie de lâcher, il y a eu trop d’efforts de fournis depuis trois ans. On aime nos clients, et on a envie d’être encore là l’année prochaine.
Pour surmonter ces défis, le Syndicat de la librairie française plaide pour une meilleure répartition des coûts de transport des livres entre libraires et éditeurs. Cette mesure permettrait de maîtriser les dépenses et de soutenir financièrement les librairies.
Le secteur appelle également à une réflexion sur la surproduction de livres, afin de privilégier la qualité sur la quantité et de donner aux libraires le temps et les moyens de promouvoir efficacement chaque ouvrage.