La guerre va-t-elle enfin laisser la place à la diplomatie ? Trois mois après l’invasion russe en Ukraine, le conflit s’enlise et continue de meurtrir la population. Volodymyr Zelensky est intervenu lundi midi au Forum économique mondial de Davos. Un signal qui n’augure rien de bon.
Des sanctions, des armes et des fonds… Voilà comment résumer le discours du président ukrainien au Forum de Davos lundi. Après être intervenu au Festival de Cannes, Volodymyr Zelenski a été le premier chef d’État à pouvoir parler lors de la réunion du gratin international. Une prise de parole logiquement concentrée sur la guerre en Ukraine. L’occasion de remercier presque à genoux le « généreux » et non moins intéressé Joe Biden:
[…] Je suis reconnaissant envers le président Biden pour la signature du programme de soutien de 40 milliards de dollars pour l’Ukraine, approuvé par le Congrès. Il s’agit d’une contribution historique à la protection de la liberté en Europe.
Sans grande surprise, l’ancien acteur de séries télé a ensuite repris son refrain habituel. Il a exhorté les responsables mondiaux à adopter des sanctions économiques plus lourdes à l’égard de la Russie qu’il juge devenu un état « des crimes de guerre ». Si les faits s’avèrent concluant, est-il nécessaire d’en rajouter ?
Il faut dire que le jour coïncidait avec le verdict du Sergent russe accusé de crimes de guerre après avoir assassiné un civil de 62 ans dans le village de Ciupakivka dans le nord-est du pays. L’homme de 21 ans, qui a plaidé coupable dès le début du procès, a écopé de la prison à perpétuité. Son avocat a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait appel, alors que Moscou affirme s’inquiéter de son sort malgré une impossibilité de lui venir en aide en raison des ruptures diplomatiques. Vadim Chichimarine a toutes les chances de devenir le visage « des crimes de guerre » dénoncé par les médias occidentaux avant même que les enquêtes internationales ne soient réalisées.
Malgré un immense gâchis déjà bien consommé, Volodymyr Zelensky a réclamé au dirigeant de Davos davantage d’armes et de moyens pour affronter les troupes russes sur le terrain. Une attitude qui tranche avec les besoins réels de la situation. En effet après des semaines d’explication des médias dominants pour décrire l’incroyable puissance des combattants ukrainiens, la bataille de Marioupol à sceller une déroute dans le marbre. La reddition de centaines de soldats des milices paramilitaires ukrainiennes au sein de l’usine métallurgique Azovstal, a poussé à voir la situation différemment. L’OTAN et l’UE qui fournissent de plus en plus d’armes à Kiev n’ont pas empêché que le rapport de force tourne en faveur de la Russie. Chaque nouvelle livraison sonne ainsi comme une prolongation d’un conflit synonyme de toujours plus de victimes ; des victimes qui souffrent de la guerre mais aussi et surtout du fiasco diplomatique qui sévit depuis trop longtemps.
Alors que des discussions ont plusieurs fois laissé transparaître des compromis d’apaisement, les acteurs multiples de ce conflit semblent avoir mis le cap sur la guerre. Ainsi l’OTAN et l’UE ont systématiquement relancé la machine en lieu et place des canaux diplomatiques.
La France, démembrée de ce talent qui faisait pourtant sa particularité pendant des décennies de non-alignement, est désormais totalement à la botte des Américains, alimentée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
C’est finalement l’Italie qui semble vouloir jouer sa partition en faveur de la diplomatie et des discussions entre la Russie et l’Ukraine. Malgré son appartenance à l’OTAN, les Italiens sont en effet restés jusqu’ici relativement en retrait du conflit. Vendredi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio, a fait savoir que son pays avait proposé à l’ONU une ébauche de cessez-le-feu en passant par la constitution d’un groupe international de facilitation. Un plan que la Russie avait reçu et examiné à l’heure où nous rédigeons ce papier, sans pour autant que des discussions soient en cours entre Moscou et Rome.
Et si l’intervention de l’Italie a peu de chances d’aboutir, elle est toutefois une première pierre venue de l’UE en faveur de la paix. Une paix moins payante pour le commerce américain mais sans doute bien plus profitable pour le peuple ukrainien.