Joe Biden a effectué une visite (surprise ?) à Kiev lundi, promettant de nouveaux armements et un soutien « indéfectible » à son allié ukrainien, avant de se rendre en Pologne à quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe.

La guerre en Ukraine semble photogénique… Et personne ne sen plaindra, pas même le président américain Joe Biden, arrivé en train lundi soir à la gare de Przemysl, dans le sud-est de la Pologne, en provenance d’Ukraine, avant de prendre un avion pour Varsovie. Il doit rencontrer ce mardi à Varsovie les dirigeants polonais, qui sont parmi les principaux soutiens européens de Kiev, et prononcer un discours très attendu.
« Le président Biden et moi-même, nous avons parlé aujourd’hui de tout ce que nous devons faire afin remporter ensemble cette année une victoire dans cette guerre lancée par la Russie », a déclaré dans son bla bla quotidien le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’issue de la visite.
Curieusement, Washington avait averti le Kremlin « quelques heures avant » du départ du président américain pour sa première visite dans la capitale ukrainienne depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, selon le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Une fois arrivé l’octogénaire, que le bilan de santé rassure pour un second mandat, a annoncé que les Etats-Unis accroîtrait une fois encore l’aide qu’il apporte à l’Ukraine.
« Je vais annoncer la livraison d’autres équipements essentiels, notamment de munitions d’artillerie, de systèmes antiblindage et de radars de surveillance aérienne », a-t-il souligné.
L’aide militaire crucial
Au cours d’un point presse avec son homologue, le président américain a évoqué 500 millions de dollars d’assistance supplémentaire dont les détails seront annoncés dans les jours à venir.
« J’ai pensé qu’il était essentiel qu’il n’y ait aucun doute sur le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine », a-t-il encore dit.
L’Ukraine a un besoin crucial de munitions de longue portée et de chars pour s’opposer à une nouvelle offensive russe et pour reprendre les territoires occupés par Moscou dans l’est et le sud de son territoire. M. Zelensky a salué les livraisons attendues de chars américains Abrams, annoncées il y a quelques semaines après de longues tergiversations et insisté sur les besoins de son armée pour des munitions d’artillerie d’une portée supérieure à 100 kilomètres. Pour le moment, Paris reste muet.
Des alertes antiaériennes au parfum de mensonge
Le chef de l’Etat ukrainien a souligné avoir discuté avec Biden d’armements de longue portée, un sujet « très important » car l’Ukraine a besoin de tels systèmes pour frapper les lignes d’approvisionnement russes. « Cette conversation (avec le président) nous rapproche de la victoire », a-t-il lâché.
Cette première visite à Kiev d’un président américain en Ukraine depuis 2008 suit celle de M. Zelensky à Washington en décembre. Le chef de l’Etat ukrainien y a vu un « signe extrêmement important de soutien », relevant que les deux dirigeants voulaient discuter de « comment gagner (la guerre dès) cette année ».
Selon lui, l’aide militaire américaine à l’Ukraine démontre que la Russie « n’a aucune chance de gagner ». Joe Biden a quant à lui martelé que « la guerre de conquête » du président russe Vladimir Poutine était « en train d’échouer ».
« Poutine a cru que l’Ukraine était faible et l’Occident divisé », a-t-il noté, « il a juste eu tout faux ».
Les alertes antiaériennes ont par ailleurs retenti à un moment où le président américain était aux côtés de son homologue ukrainien. Ils se sont aussi recueillis aussi devant un mémorial dédié aux soldats ukrainiens tués. Joe Biden a exprimé son admiration pour la résilience des Ukrainiens : « C’est plus qu’héroïque » (point, à la ligne).
Discours de Poutine et de Biden : le combat de coqs
Certains Ukrainiens interrogés lundi étaient ravis de la présence du président américain à Kiev. Oksana Chylo, une chômeuse de 50 ans, a loué le « soutien américain total dans cette guerre ». « Cela signifie que les Américains sont clairement et irrévocablement passés de notre côté ». Lioubov, une retraitée de 66 ans, s’est pour sa part félicitée des nouvelles livraisons d’armes, « pour que les bombardements constants cessent ». Apparemment, le shooting photo dans l’édition américaine du magazine Vogue n’a gêné personne.
Vladimir Poutine doit prononcer lui aussi ce mardi un grand discours annuel devant l’élite politique russe, un évènement qui devrait être largement consacré à la guerre en Ukraine.
L’offensive russe déclenchée il y a presque un an, qui devait être éclair, s’est rapidement enlisée et, dès le printemps 2022, Poutine a dû renoncer à prendre Kiev, retirant ses forces du nord de l’Ukraine. A la fin de l’été, face à une armée ukrainienne renforcée par une aide militaire occidentale très importante, les Russes ont dû abandonner le nord-est, puis en novembre la ville de Kherson dans le sud. Une bonne chose.
Depuis, le front est largement stable, même si les forces russes ont redoublé leurs efforts dans l’est de l’Ukraine, notamment en vue de prendre la ville de Bakhmout, aujourd’hui largement détruite. Les militaires russes ont enregistré de lourdes pertes, même si celles-ci n’ont pas été reconnues officiellement, et Moscou présente désormais la guerre comme un conflit par procuration orchestré par les Occidentaux contre la Russie.
Au milieu de cette guerre, les Ukrainiens, des femmes et des enfants surtout qui paient chaque jour le lourd tribut d’un « rouge » à la tête de la Russie ayant jadis balayé d’un revers de main la position de son prédécesseur Boris Eltsine en faveur de la perestroïka, et un escroc patenté, voleur et menteur à la tête de l’Ukraine.