Après des années de combat judiciaire contre ce qu’ils considèrent comme un assassinat, les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis presque 11 ans, se sont résignés à la mort inéluctable de leur fils, dont les traitements ont été à nouveau interrompus la semaine dernière.

Les parents de Vincent Lambert le 9 mai 2019 à Reims I AFP/Archives / FRANCOIS NASCIMBENI
La mort de Vincent est désormais inéluctable et nous ne pouvons que nous (y) résigner, ont déclaré ses parents dans une lettre ouverte communiquée par l’un de leurs avocats.
Cette fois, c’est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d’ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l’ONU qui bénéficiait à Vincent. En vain, écrivent Viviane et Pierre Lambert ainsi que la soeur de Vincent, Anne Lambert, et son demi-frère David Philippon dans ce courrier adressé à leurs amis qui les ont tant soutenus ces dernières années.
Le médecin de Vincent Lambert, hospitalisé au CHU de Reims après un accident de voiture en 2008, a engagé mardi 2 juillet un nouvel arrêt des traitements, effectif depuis mercredi soir. Cette décision a été rendue possible le 28 juin par la Cour de cassation. Le protocole médical prévoit notamment l’arrêt de l’hydratation et de la nutrition par sonde du patient ainsi qu’une sédation profonde et continue.
La mort de Vincent Lambert lui a été imposée à lui comme à nous. Si nous ne l’acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l’incompréhension, mais aussi dans l’espérance, ajoutent ces fervents catholiques.
Leurs avocats, qui avaient déposé vendredi une plainte pour tentative d’homicide en bande organisée devant le TGI de Reims selon des sources concordantes, ont eux aussi acté un peu plus tard dans un communiqué que le décès de M. Lambert était dorénavant médicalement irréversible. L’affaire Vincent Lambert, devenue le symbole du débat sur la fin de vie en France, est aussi l’histoire d’un déchirement familial. L’épouse, Rachel Lambert -qui était lundi matin au chevet de son mari aujourd’hui âgé de 42 ans- ainsi que six de ses frères et sœurs et son neveu François plaident depuis des années, à l’inverse des parents, contre tout acharnement thérapeutique et pour le laisser mourir. Selon eux, Vincent leur avait confié oralement préférer mourir que vivre comme un légume. Il n’a toutefois jamais rédigé de directive anticipée. La résignation des parents, qui étaient hier à la mi-journée auprès de leur fils, intervient alors que dimanche, le père de Vincent Lambert avait dénoncé, en arrivant au CHU, un assassinat déguisé en cours. Le collectif Je soutiens Vincent, également opposé à l’arrêt des traitements, avait pour sa part annoncé l’annulation du rassemblement programmé lundi à 16h00 à Paris.
Il y aura sûrement une veillée de recueillement mercredi soir, a-t-il ajouté.