Le Guide Michelin a retiré à Marc Veyrat sa 3e étoile cette année pour son restaurant La Maison des Bois. Meurtri, se disant déshonoré, le chef « victime » contre-attaque en justice ce mercredi en réclamant « la vérité » sur ce déclassement.

Le Guide Michelin a retiré à Marc Veyrat sa 3e étoile cette année pour son restaurant La Maison des Bois, il contre-attaque en justice mercredi en réclamant « la vérité » sur ce déclassement, photo du 5 février 2018 I JACQUES DEMARTHON, AFP
Fait rarissime, si ce n’est unique, Veyrat aussi sombre que son chapeau noir exige en référé (procédure d’urgence) des éclaircissements sur les critères, les méthodes d’évaluation et la formation des inspecteurs du guide gastronomique qui ont présidé à la rétrogradation de son établissement de Manigod (Haute-Savoie). A priori absent de l’audience ce mercredi, le chef enflé d’arrogance et connu pour ses braillements, réclame également devant le TGI de Nanterre de ne plus être référencé dans les éditions ultérieures du Michelin – ce que le guide rouge refuse – et ordonne à être indemnisé d’un euro symbolique pour le préjudice subi (ben voyons !) Après ce déclassement, il s’était dit en… « dépression« . Cette attaque en justice – une « première » de la part d’un chef contre le Guide Michelin, selon son avocat Richard Malka – aurait pour origine des propos selon lesquels un inspecteur aurait notamment décelé du cheddar dans l’un de ses plats, lui qui se targue de n’utiliser que des produits de son terroir natal.
Qu’ils disent que mon plat est plein de cheddar… Et ma ‘coquille saint-jacques virtuelle’, faite à base de foie de lotte du lac Léman… On prend ça pour de la (vraie) saint-jacques, quel manque de compétence!, s’est-il insurgé à quelques jours de l’audience.
Des propos invraisemblables et inventés de toutes pièces, répond la partie adverse.
Sa demande d’éclaircissements concernant les inspections de son restaurant supposerait une levée de l’anonymat de ces inspecteurs:
C’est grotesque, tempête Me Malka. M. Veyrat voudrait que la France soit le seul pays à abandonner le principe de liberté de la critique gastronomique parce que son restaurant a eu deux étoiles plutôt que trois, parce qu’il a été jugé excellent plutôt que génial!
Selon lui, les demandes de Marc Veyrat sont inconciliables avec le principe constitutionnel de liberté d’expression et le tribunal n’est pas fait pour protéger la vanité des hommes. C’est là le procès d’une diva narcissique à l’égoïsme pathologique estime-t-il encore. Il ne peut exister de situations acquises à tout jamais, ni de passe-droit, même pour les plus grands restaurants.
La Maison des Bois fait cependant toujours partie dans l’édition 2019 du guide des 85 restaurants français bénéficiant de deux étoiles, ce qui n’est pas rien, souligne justement Me Malka. Estimant se trouver face à une procédure abusive, le Guide Michelin réclame au chef cuisinier 30.000 euros de dommages et intérêts:
Depuis des décennies, Marc Veyrat est habitué à ce que sa cuisine soit notée, évaluée, comparée et il sait bien que l’on n’est pas propriétaire à vie de ses étoiles (…) Il assume tout, pourvu que la critique soit rigoureuse, avait argué Me Emmanuel Ravanas, l’avocat du chef, en septembre, lors du dépôt de l’assignation contre le Michelin.
Le cuisinier a cherché amiablement à connaître les raisons objectives de cette décision qui l’affecte tant à titre personnel que professionnel et affecte surtout l’indéfectible engagement de ses équipes au service de la cuisine de montagne, mais il n’a reçu que des réponses approximatives, avait alors déploré l’avocat. En lançant la procédure en septembre, Marc Veyrat avait indiqué s’être senti déshonoré par la décision du Guide Michelin. C’est pire que la perte de mes parents, c’est pire que n’importe quoi, braillait-il (sans doute sous Prozac) dans les colonnes de nos confrères du Journal du Dimanche le week-end. Alors gagnera ou gagnera pas ? Qui vivra… Veyrat.