Le philanthrope multimilliardaire Bille Gates a partagé son analyse concernant l’adaptation de l’humanité à la pandémie du covid-19. Se félicitant de l’existence de vaccins contre le coronavirus, il exprime pour l’avenir un optimisme certain. Alarmant.
Bill Gates – à la tête de sa fondation éponyme qui finance la recherche en matière de santé, les nano-particules, les universités, la presse et la communication – a publié le 7 décembre une note de blog dans laquelle il s’efforce d’établir un état des lieux consacré à la pandémie du covid-19. Celui que le magazine Forbes a classé quatrième fortune mondiale en 2021 (fortune évaluée à 114,7 Mds $), se réjouit avant tout de l’existence de vaccins contre le coronavirus. Evoquant à de multiples reprises l’engagement financier de sa fondation face à la crise sanitaire mondiale qui s’est développée ces deux dernières années, l’homme d’affaires américain vante en premier lieu une percée majeure, selon lui, en matière de technologie vaccinale. «Je pense que les vaccins à ARNm seront finalement considérés comme la percée la plus importante de la pandémie», écrit Bill Gates, rappelant par ailleurs que sa fondation a participé au développement du molnupiravir, traitement anti-covid du laboratoire américain Merck, sous forme de comprimés, qui a été mis sur le marché pour la première fois le 4 novembre, au Royaume-Uni.
Dans quelques années, j’espère que le seul moment où vous devrez vraiment penser au virus sera lorsque vous vous ferez vacciner conjointement contre le covid et la grippe chaque automne,
écrit dans sa note celui qui anticipe une sortie de «la phase aiguë de la pandémie» d’ici la fin 2022.
Au-delà des avancées pharmaceutiques et des produits issus de cet industrie extrêmement lucrative qu’il a constatées depuis le début de la pandémie, Bill Gates salue le déploiement de certains outils développés de part et d’autre du globe, outils qui pourraient selon lui aider l’humanité à anticiper le scenario d’une prochaine crise sanitaire. Il évoque notamment « les masques obligatoires, les procédures de quarantaine [ou encore] les restrictions de voyages ».
Malgré un enthousiasme qu’il affiche dans cette note de blog, le multimilliardaire américain fait part de quelques préoccupations : «Il n’est pas logique que tant de personnes à faible risque aient été vaccinées avant que nous ayons atteint toutes les personnes plus âgées ou présentant une pathologie sous-jacente», écrit-il au sujet de la campagne mondiale de vaccination contre le covid-19. Par ailleurs, outre la récente mise sur le marché du molnupiravir évoquée plus haut, Bill Gates ne cache pas sa déception concernant le manque de succès de plusieurs initiatives destinées à trouver un traitement efficace contre le covid-19. Il émet par exemple des réserves concernant l’efficacité du médicament remdesivir (du laboratoire Gilead) et de la dexaméthasone (stéroïde mis en avant en 2020 dans le cadre de l’essai clinique Recovery), sans pour autant faire d’allusion à l’hydroxychloroquine, médicament dont l’utilisation pour traiter le covid-19 a fait l’objet de multiples critiques et controverses. Pourtant.
Le philanthrope américain pointe le fait que les progrès dont il se félicite se soient heurtés à la défiance grandissante des populations vis-à-vis des institutions publiques :
J’ai sous-estimé la difficulté de convaincre les gens de se faire vacciner et de continuer à porter des masques. […] La pandémie a été un véritable test de gouvernance. […] Cette époque nous a montré comment le déclin de la confiance dans les institutions publiques crée des problèmes concrets et complique nos efforts pour relever les défis,
écrit celui qui dit « s’inquiéter » quant à la capacité des gouvernements à accomplir de grandes choses.
Bill Gates attribue cette défiance grandissante à plusieurs facteurs, parmi lesquels il pointe «un climat politique qui récompense les gros titres au détriment d’un débat de fond» mais aussi «l’essor des réseaux sociaux», plateformes d’expression pour lesquelles il appelle à une réglementation accrue.
Vers une numérisation de l’humanité
«Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous ne faisons que commencer à voir comment la numérisation va changer nos vies», estime Bill Gates au regard des changements sociétaux induits par l’accélération, pendant la pandémie, d’évolutions sur les plans organisationnels et technologiques. Le multimilliardaire se félicite ainsi du développement de la télésanté ou encore de la télé-éducation. «Les rendez-vous virtuels présentent tellement d’avantages que je pense que ce nouveau modèle est là pour rester», écrit-il par exemple au sujet des téléconsultations médicales. «Si vous êtes enseignant […] un simple clic sur un bouton vous indiquera que l’élève X a besoin d’aide pour répondre à un type de question particulier et que l’élève Y est prêt à se lancer dans un travail de lecture plus avancé», avance-t-il encore concernant l’éducation.
Bill Gates se réjouit aussi que la pandémie ait permis une bascule massive vers le télétravail pour les secteurs d’activité le permettant. «Nous approchons d’un seuil où la technologie commence à reproduire véritablement l’expérience d’être ensemble au bureau», considère-t-il à ce sujet, prônant par exemple un modèle permettant aux télétravailleurs d’obtenir «un écran très bon marché et un endroit physique où le placer» afin qu’ils puissent voir en direct leurs collègues assis à distance. «Vous pourriez regarder l’écran pour voir ce que tout le monde fait (sauf quand quelqu’un veut avoir de l’intimité et éteint la caméra)», s’enchante-t-il… (rires, NdlR). Bill Gates partage en outre son enthousiasme concernant les logiciels en développement qui pourraient progressivement permettre à l’humanité d’interagir dans des espaces virtuels :
L’idée est qu’à terme, vous utiliserez votre avatar pour rencontrer des gens dans un espace virtuel qui reproduit le sentiment d’être dans une pièce réelle avec eux,
écrit-il à ce sujet.