Les négociations commerciales, tendues, entre les grandes surfaces et les fournisseurs de l’agro-industrie s’achèvent mercredi. Les grandes marques réclamaient des hausses jusqu’à 15%, pour faire face à l’inflation des matières premières.

Les négociations sont entrées dans leur dernière ligne droite et devraient encore une fois durer jusqu’à la dernière minute (fixée à minuit, mercredi soir). Ces discussions concernent les produits vendus sous les marques dites « nationales », comme Danone ou Fleury Michon. On sait déjà que les prix que les distributeurs (Carrefour, Casino, E.Leclerc…) paient aux agro-industriels devraient augmenter d’environ 10%.
« On devrait être avec les grandes marques aux environs de 10% de hausse à partir de début mars », à l’issue des négociations commerciales, a affirmé le directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution Jacques Creyssel, mardi 28 février sur Franceinfo. Il a précisé que les négociations « sont terminées pour les PME, pour toutes les marques qui sont très largement françaises ».
Le bras de fer
Néanmoins, selon ce représentant de la distribution, « les grandes marques (…) cherchent à imposer un bras de fer avec des propositions totalement injustifiées de hausses de 15-16% ». Des hausses « impossibles à accepter dans une période aussi difficile en termes de pouvoir d’achat ». Jacques Creyssel appelle ces marques à « participer aux efforts collectifs », citant Nestlé, Coca, Unilever et Procter and Gamble. « Les enseignes (de la distribution, NDLR) vont naturellement devoir répercuter ces hausses », avertit-il. Mais il assure qu’elles le feront « de manière responsable en essayant de limiter au maximum les augmentations pour les consommateurs ».
Des chiffres confirmés par l’industrie alimentaire. « On va rester sur une inflation à deux chiffres, aux alentours de 15 ou 16% », a indiqué Jean-Philippe André, président de l’association nationale des industries alimentaires (Ania), lui aussi mardi sur Franceinfo. « Ça va continuer ainsi tout le premier semestre », « le temps que ça passe dans les étiquettes et que ça se voit dans les rayons ». Selon lui, « il y a à peu près 70% des entreprises qui auraient signé des demandes de l’ordre de 10% ».
« Chacun doit faire des efforts »
Les négociations sont « extrêmement tendues », a estimé pour sa part le porte-parole de Lactalis, Christophe Piednoël, mardi sur Radio Classique. Le groupe précise avoir « signé avec deux des grands réseaux de distribution sur cinq ». Le géant du lait demande une augmentation entre 9% et 15%, le « point de départ » qui « sert d’abord à rémunérer le prix du lait » payé aux agriculteurs et « correspond à l’augmentation de nos charges », selon Christophe Piednoël. « Chacun doit faire des efforts dans une négociation, certains distributeurs l’ont fait, d’autres semblent moins prêts à le faire », tance-t-il, sans nommer de distributeurs.
« Si demain, l’inflation venait à se calmer, la loi prévoit des clauses de renégociations. On n’est pas encore dans cette situation », précise Jean-Philippe André, de l’Ania. Face à l’inflation, Emmanuel Macron a appelé lundi les grandes surfaces à « participer à l’effort ». De leur côté, elles dénoncent l’absence de transparence et des demandes de hausses exagérées, le patron de Carrefour Alexandre Bompard qualifiant même certaines de « délirantes ».