Alors que les yeux du monde entier sont rivés sur la guerre russo-ukrainienne, d’autres guerres sévissent un peu partout sur la planète. Un effet d’aubaine qui pourrait conduire à une guerre totale ? [Explications]
Les conflits explosent dans le monde. La Russie contre l’Ukraine, l’Union européenne contre la Russie, la Chine contre Taiwan, la Corée du Nord en roue libre, la Turquie en Syrie contre les kurdes, l’Arabie Saoudite contre le Yémen… Voilà une ébauche de liste des conflits en cours sur le globe terrestre. Et si certains de ces conflits ne se ressemblent pas dans le fond, ils ont toutefois un point commun : le droit international. Un droit souvent bafoué depuis plusieurs années.
En effet, depuis l’intervention américaine en Irak, après les manipulations sordides de Colin Powell et sa célèbre fiole de jouvence présenté comme de l’anthrax, le message envoyé à toute la communauté internationale au sens large est clair : le respect du droit international est fluctuant. L’Oncle Sam partit mener une guerre en Irak à grand renfort de tapis de bombes, faisant près de 500 000 morts civils, le monde entier aura pu comprendre qu’on pouvait se passer des autorisations de l’ONU pour intervenir. Un bouleversement de l’ordre mondial précaire qui laisse entrevoir le point de départ d’une théorie inquiétante dite des « dominos ». Après tout, comment condamner une intervention militaire dans un pays tiers si l’invasion de 2003 en Irak ne l’a pas été ? C’est ainsi que chaque conflit entraîne le suivant. Et plus encore lorsque tous les regards sont tournés vers un seul et même lieu.
La guerre en cours au Yémen, armée à grand frais par nombre de pays occidentaux pour aider l’Arabie Saoudite, passe par exemple inaperçue depuis le début du conflit en 2014. Elle est même le plus souvent présentée comme une guerre civile, alors qu’elle est le terrain de conflits par procuration, à l’image de la Syrie de Bachar el-Assad. D’abord lancé comme un printemps arabe, la guerre syrienne a permis l’affrontement de nombreuses parties greffées sur le terrain. Aujourd’hui encore la Turquie profite grassement de l’instabilité pour lancer une nouvelle charge contre ses ennemis Kurdes dans le nord du pays, à Kubané.
En Ukraine ? La situation est aussi bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Se contenter d’expliquer le conflit par une invasion subite de la Russie chez son voisin est une preuve de mauvaise foi, pour ne pas dire de bêtises. On se demande parfois si les médias font leur travail. L’Ukraine est en guerre, non pas depuis le mois de février dernier, mais depuis 8 ans. La révolte de Maïdan en 2014, présentée là encore comme un conflit interne à davantage à voir avec un théâtre de guerre par proxy* qu’avec une guerre civile. Dès le début, les influences étrangères multiples étaient visibles. Dans l’est du pays – le tristement célèbre Donbass où la population est majoritairement russophones – les combats n’ont jamais cessé malgré les signatures des accords de Minsk1 et Minsk2. Là encore ces textes de droits internationaux ont été bafoués sans que personne ne s’en émeuve. Le non-respect de ces accords a d’ailleurs été pointé du doigt par Poutine pour justifier son invasion en février dernier. Démonstration donc de l’importance que la communauté internationale devrait porter à l’égard du respect du droit et en finir avec la géométrie variable.
Pour rappel, élu sans surprises avec 73,2 % des voix, l’ancien « clown » et producteur à succès dénué de la moindre expérience politique devait jadis incarner un changement profond en Ukraine. Son arrivée au pouvoir a rapidement été assortie de multiples incertitudes, rapportait alors Le Monde. À l’époque, les Ukrainiens avaient préféré faire un saut dans le vide plutôt que de poursuivre leur route avec une classe politique décrédibilisée par des années de prévarication. Ce qui est louable. Mais en 2019, Zelensky a voulu décomplexé les Ukrainiens en reprenant à son compte leur ras-le-bol de la guerre sans leur proposer de vraie solution. Depuis, le résultat est cinglant voire atroce.
Un certain nombre de médias évoquent des regains de combat dans l’Est ukrainien. L’annexion de la Crimée ukrainienne, selon le droit international jusqu’en 2014, où elle est annexé par la Russie à qui elle appartenait de 1783 à 1954 et justifiée par un scrutin à la participation discutable ou discutée, ouvrait aussi la porte au procédé d’annexion. La probabilité que tout le Donbass devienne Russe dans quelques mois est fortement préoccupante.
Dans ce cadre, comment ne pas s’attendre aux velléités de la Chine à l’égard de Taiwan ? Ainsi en fermant les yeux sur certains viols de décision traités par certains acteurs dont les États-Unis de Biden, pour ne pas les citer, la géopolitique devient une gigantesque « Roue de la fortune » avant de devenir une véritable théorie du chaos.
*Serveur relais qui, sur Internet, stocke les données en vue de faciliter leur accès.