Le chef de file de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido a accusé le pouvoir chaviste de vouloir bâillonner l’Assemblée nationale, dont les accès étaient bloqués par les forces de l’ordre, empêchant ainsi les députés de siéger.

Le leader de l’opposition vénézuélienne et président autoproclamé Juan Guaido, lors d’une conférence de presse à Caracas le 14 mai 2019 I AFP / RONALDO SCHEMIDT
Le pouvoir tente de bâillonner par la force le Parlement qui est la seule instance légitime (du Venezuela, Ndlr) reconnue par le reste du monde, a déclaré Juan Guaido, qui préside l’Assemblée nationale, mardi lors d’une conférence de presse.
A l’aube, des effectifs de la police, de la Garde nationale bolivarienne -un corps militarisé- et des services de renseignement (Sebin) ont été déployés autour du Palais fédéral et en ont interdit l’accès toute la journée aux députés et aux journalistes. Le Parlement est la seule institution vénézuélienne contrôlée par l’opposition à Nicolas Maduro auquel Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, réfute toute légitimité. Face à la presse, les députés ont accusé le Sebin, les services de renseignement, d’avoir investi le bâtiment, prétextant la présence d’engins explosifs pour les tenir à l’écart.
Aujourd’hui, le Palais fédéral législatif est occupé par l’armée. (Le pouvoir) a peut-être la force brute mais il ne convainc pas (…). Tout ce qui lui reste c’est la persécution, le harcèlement et la levée d’immunités parlementaires, s’est insurgé Juan Guaido, tout en annonçant une nouvelle séance pour mercredi.
Les parlementaires devaient débattre mardi des poursuites contre leurs pairs accusés par la Justice d’avoir activement soutenu le soulèvement manqué du 30 avril, auquel avait appelé Juan Guaido. Depuis, le pouvoir chaviste concentre son offensive sur l’Assemblée nationale en pourchassant les traîtres responsables, à ses yeux, de cette opération. Mardi, l’Assemblée constituante, qui fait partie du camp Maduro, a levé l’immunité de cinq nouveaux députés d’opposition. Il y a désormais 14 parlementaires qui doivent être traduits en justice pour trahison à la patrie. Ils sont accusés d’avoir soutenu l’appel au soulèvement militaire porté par M. Guaido, en vain, le 30 avril. Parmi les 14 députés poursuivis, Edgar Zambrano, le vice-président de l’Assemblée nationale, a été arrêté la semaine dernière et transféré dans une prison militaire. Un député a fui en Colombie voisine, et quatre autres se sont réfugiés dans des résidences diplomatiques. Le dernier en date, Franco Manuel Casella, a trouvé asile dans l’ambassade du Mexique mardi soir, selon le gouvernement mexicain, dont la politique est de se tenir à l’écart de la crise vénézuélienne. Dans une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont réclamé des mesures concrètes face à la répression grandissante du Parlement.
Le régime a intensifié ses efforts pour incarcérer les leaders de l’opposition, a dénoncé l’ambassadeur américain par intérim à l’ONU, Jonathan Cohen.
Nicolas Maduro a réagi en estimant que Washington cherchait à diviser l’armée vénézuélienne.
Les traîtres, les pantins qu’ils ont au Venezuela, appellent l’armée des Etats-Unis à occuper le Venezuela, a-t-il dénoncé lors d’une remise de décoration à des militaires restés loyaux durant la tentative de soulèvement.