Alors que de nouveaux cas ne cessent d’être détectés dans plusieurs pays d’Europe, les autorités sanitaires françaises recommandent d’injecter le produit contre la variole classique aux adultes dont «le contact est considéré comme à risque» avec une personne infectée.
Faut-il ressortir des cartons le vaccin contre la variole humaine pour protéger du monkeypox ? Face à l’augmentation des cas de variole du singe en Europe et en Amérique, et alors que trois cas ont pour l’instant été confirmés en France, la Haute Autorité de santé (HAS) estime que oui. Dans un avis rendu ce mardi après-midi, la HAS «recommande la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive, c’est-à-dire autour d’un cas confirmé».
Il conviendrait de vacciner «les adultes dont le contact avec une personne infectée est considéré comme à risque, y compris les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle». La HAS précise que «cette vaccination doit être effectuée uniquement avec le vaccin de troisième génération».
Pour justifier sa recommandation, la HAS met en avant les «délais d’incubation de la maladie souvent compris entre 6 et 16 jours» et «la stratégie vaccinale adoptée dans les autres pays européens et des données précliniques transmises par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)» qui «étayent l’intérêt d’une vaccination rapidement après l’exposition au virus». Pour la HAS, il faudrait que le vaccin soit «administré idéalement dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours plus tard avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les sujets immunodéprimés), espacées de 28 jours». Un avis préliminaire qui devra être affiné en fonction des nouvelles données disponibles, prévient la HAS.
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) avait déjà affirmé jeudi dans un communiqué que «si des vaccins contre la variole sont disponibles dans le pays, la vaccination des contacts étroits à haut risque doit être envisagée après une évaluation du rapport bénéfice/risque». Dans un premier rapport d’évaluation des risques dans l’Union européenne publié lundi, l’agence a toutefois estimé que le risque de contagion est «très faible» dans la population en général, mais «élevé» chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels.
Efficace à 85 %
Faute de traitement et de vaccin spécifique contre la variole du singe, les autorités sanitaires des différents pays cherchent des alternatives. Et le vaccin contre la variole classique semble, pour l’instant, la meilleure option. Selon l’OMS, il serait efficace à 85 % pour prévenir du monkeypox. Ce vaccin a continué à être prescrit jusque dans les années 80, malgré l’éradication totale de la maladie en 1977. «En Afrique, on remarque que les personnes de plus de 50 ans, qui ont été vaccinées de la variole, n’attrapent quasiment jamais le monkeypox», expliquait la semaine dernière à Libération l’infectiologue de l’Institut Pasteur Antoine Gessain.
Parce que la vaccination contre la variole humaine a cessé il y a de cela quarante ans, l’immunité collective contre la variole du singe semble avoir diminué pour les plus jeunes, en Afrique comme ailleurs. Le potentiel épidémique de la variole du singe pourrait donc mécaniquement continuer d’augmenter dans les années à venir. C’est aussi pour cela que le dossier du vaccin a été remis sur la table.