Ce point chaud a pu être formé par des interactions magnétiques dans le gaz chaud orbitant autour du trou noir central de la Voie lactée.
Il se passe décidément des choses bizarres dans l’environnement immédiat de Sagittarius A*, le trou noir central de la Voie lactée ! Après la découverte d’une étoile lancée dans une ronde effrénée qui la voit achever son tour en seulement 4 ans, à la vitesse de 8000 km/h, des astrophysiciens ont trouvé une bulle de gaz chaud qui, elle, achève son orbite en tout juste 70 minutes. D’après sa position, elle doit atteindre pas loin de 30% de la vitesse de la lumière pour tenir sa course.
Poussée de rayons X
Situé à une distance équivalente à celle qui sépare la planète Mercure du Soleil, cet étrange objet a été identifié grâce aux données du radiotélescope ALMA, installé dans les Andes chiliennes. L’instrument a été mobilisé en 2017, avec 7 autres radiotélescopes, pour former la collaboration Event Horizon Telescope (EHT) qui a permis d’obtenir la toute première image de Sagittarius A* (Sgr A*), le trou noir supermassif tapi au cœur de notre galaxie.
Les données d’ALMA ont ensuite été revue, pour calibrer les résultats de l’EHT, et c’est là qu’est apparue ce point chaud, dans lequel les scientifiques ont vu une bulle de gaz surchauffé. Ce type d’objet est connu pour émettre dans les rayons X et les infrarouges, mais c’est la première fois qu’il est associé à une émission radio.
D’ailleurs, peu de temps avant que les clichés ne soient pris, le télescope spatial Chandra avait observé une rafale de rayons X provenant du centre de la Voie lactée, signant la présence d’un point chaud qui a pu, en se refroidissant, devenir visible à des longueurs d’onde plus longues, comme celles observées par ALMA.
Origine magnétique
Les modèles pouvant expliquer la formation d’une telle structure si proche de Sgr A* ne sont pas encore complets. Mais des indices et de récentes observations, avec l’instrument Gravity du Très grand télescope, semblent indiquer que ces points chauds ont pour origine des interactions magnétiques dans le gaz, expliquent les scientifiques de l’ESO dans un article publié dans la revue Astronomy & Astrophysics.
ALMA permet aux astronomes d’étudier les émissions radio polarisées du trou noir central, qui peuvent être utilisées pour dévoiler les lignes du champ magnétique qu’il génère. En combinant ces observations avec le modèle théorique, les recherches fournissent des contraintes plus fortes sur la forme de ce champ magnétique que les observations précédentes. Toutefois, il faudra encore bien plus de données pour avoir une idée plus exacte de l’environnement autour de Sgr A*. Les astronomes espèrent pouvoir notamment combiner les observations entre ALMA et Gravity afin de suivre à plusieurs longueurs d’ondes différentes l’évolution des points chauds. Et utiliser l’EHT pour sonder les amas de gaz en orbite.