« A » comme « Antichità », « B » comme « biscotti », « C » comme « costumi »… L’exposition « Une autre Italie » présente un abécédaire en 21 lettres (de l’alphabet italien !), composé à partir des collections du Mucem.

Depuis l’Antiquité, l’Italie exerce une influence et une fascination aussi durable que profonde en Europe et en Méditerranée. Des fastes ensevelis de Pompéi au prestige des cités de la Renaissance, et des canaux de Venise aux splendeurs de la Rome pontificale, peu de contrées suscitent un imaginaire aussi riche et foisonnant. Mais à côté de cette Italie aussi prestigieuse qu’elle est aujourd’hui touristique, il est possible d’en dessiner une autre, plus modeste mais tout aussi diverse et créative: celle du peuple, de son quotidien et de ses fêtes, de ses croyances et de ses coutumes, de ses costumes et de son artisanat.
C’est dans le sud du pays et dans les hautes vallées alpines que nombre des objets présentés dans cette exposition ont été collectés, souvent par des ethnologues qui partaient en mission en Calabre ou dans le val d’Aoste comme ils auraient pu le faire en Afrique ou en Amazonie. En effet, c’est dans ces régions les moins riches que les modes de vie populaires traditionnels se sont maintenus le plus Iongtemps, celles-ci n’ayant été marquées que tardivement par les grandes transformations de la société moderne et industrielle.
C’est l’Italie que l’on n’a pas l’habitude de voir au musée !
explique Raphaël Bories, commissaire de l’exposition.
Celle du peuple, des campagnes, des métiers artisanaux, de la vie quotidienne et des fêtes, des traditions et des coutumes, des croyances religieuses et même magiques. C’est l’Italie que les ethnologues ont étudiée aux XIXe et XXe siècles, parce qu’ils y trouvaient encore des pratiques et des modes de vie anciens qui Ieurs paraissaient presque exotiques, et qui étaient en train de disparaître.
Ils ont aussi collecté des objets, témoins de modes de vie et de savoir-faire traditionnels, qui présentent aujourd’hui une importante valeur historique, mais qui pour certains peuvent aussi être vus comme de véritables œuvres d’art ; qu’il s’agisse d’ex-voto, d’amulettes, de masques ou même de quenouilles. Enfin, c’est aussi l’Italie des cultures urbaines et populaires contemporaines, vue à travers les exemples du graff et du football.
Malgré tout, là-bas aussi, et comme ailleurs en Europe, la plupart des éléments qui caractérisaient les sociétés traditionnelles ont disparu dans la seconde moitié du XXe siècle. D’autres éléments de la culture dite « populaire » ont alors pris le relais et fait l’objet d’études et de collectes, comme le football ou le graff, marqueurs évidents d’une nouvelle évolution: le peuple étudié n’est plus celui des campagnes et des villages, mais celui des grandes villes.
De la Rome antique aux stades de football, de la céramique à l’orfèvrerie, et des Alpes à la Sicile ; le Mucem vous mène à la découverte d’une autre Italie. La grande, l’humble, la vraie !
Exposition « Une autre Italie », un abécédaire transalpin au Mucem – Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, 1 Esp. J4 à Marseille (IIe). t/ 04 84 35 13 13. Plus de renseignements ici