Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement, a annoncé « trois priorités » lors de sa conférence de presse lundi: « l’éducation, la santé, l’écologie » ; et « une urgence: le pouvoir d’achat ».
Emmanuel Macron a appelé, lundi 23 mai, le gouvernement d’Elisabeth Borne à s’engager dans une « action nouvelle sur le fond et la forme », à l’ouverture du premier conseil des ministres dans une ambiance plombée par les accusations de viol visant Damien Abad.
« Le gouvernement que vous constituez est avant toute chose (…) un gouvernement pour agir », a lancé le chef de l’Etat en préambule, pointant « un contexte inédit » avec la crise liée au covid-19, « dont nous sortons à peine si tant est qu’elle soit totalement terminée », la guerre en Ukraine et des « défis inédits » pour la société française.
« Rassembler, unir »
« Pour moi, le fil rouge qui est le nôtre est celui du progrès pour notre pays, pour tous nos compatriotes. C’est celui de servir notre devise, c’est-à-dire un projet de liberté, d’égalité et de fraternité, mais aussi de laïcité. Un projet qui consiste à transmettre les valeurs de la France et de notre république, et d’embrasser des défis nouveaux », a conclu Emmanuel Macron.
C’est un gouvernement tout à la fois de continuité et de nouveauté
a synthétisé Emmanuel Macron
Avec des femmes et des hommes qui sont issus des formations politiques qui m’ont amené aux responsabilités en 2017 et 2022, d’autres venant de formations politiques différentes, avec cette idée de rassembler, d’unir.
Les poids lourds du premier quinquennat reconduits au gouvernement et les nouveaux visages du gouvernement Borne ont foulé le gravier de la cour de l’Elysée, lundi, peu avant 10 heures. La première ministre, Elisabeth Borne, a ouvert la voie, suivie peu après d’Isabelle Rome, nouvelle ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Damien Abad, ex-patron des députés LR à l’Assemblée, dans la tourmente depuis les accusations portées par deux femmes contre lui samedi dans Mediapart, au lendemain de son entrée au gouvernement, a monté les marches de l’Elysée, un dossier orange sous le bras, en jetant un bref regard vers les photographes et les cameramen.
« Une urgence : le pouvoir d’achat »
Avec ce premier conseil des ministres, l’équipe d’Elisabeth Borne fait son entrée sur scène à moins de trois semaines des législatives des 12 et 19 juin. Son sort est donc suspendu à l’issue du scrutin qui définira la nouvelle majorité. Un peu plus de la moitié des membres du gouvernement – soit 15 sur 28 – sont en outre directement en lice et devront quitter le gouvernement s’ils sont battus, en vertu d’une consigne édictée par Emmanuel Macron, comme en 2017. Période de réserve électorale oblige, les membres du gouvernement sont en outre contraints, à partir de lundi, à une grande parcimonie dans leurs prises de parole.
Près d’un mois après la réélection du chef de l’Etat et trois jours après la fin de la longue maturation qui a présidé à la distribution des ministres, le nouveau gouvernement s’est réuni avec au menu les grandes priorités tracées par le président : école, santé, transition écologique, mais aussi lutte contre l’inflation.
Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement, a rappelé les « trois priorités » de l’exécutif lors de sa conférence de presse: « l’éducation, la santé, l’écologie », et « une urgence : le pouvoir d’achat ». Elle a répété qu’un projet de loi sur le pouvoir d’achat « devrait être adopté avant les législatives afin qu’il soit présenté à la représentation nationale sitôt qu’elle sera élue ».
« Il s’agira dans ce texte sur le pouvoir d’achat d’aider tous les Français à réduire leurs dépenses contraintes. Je pense aux prix de l’énergie (…). Il s’agira d’agir sur le prix de l’alimentation avec le chèque alimentation », a-t-elle précisé. Olivia Grégoire a aussi fait savoir que le gouvernement allait « augmenter les prestations sociales » à travers les retraites, avant d’ajouter que « le gouvernement revalorisera le traitement des fonctionnaires. Ce sera fait avec le relèvement du point d’indice de la fonction publique (…) la prime Macron ne sera plus exceptionnelle mais pérenne ».
Elisabeth Borne a rencontré Damien Abad dimanche
Mais « l’établissement de la vérité, c’est à la justice de le faire », c’est la « seule à devoir ou à pouvoir trancher », a poursuivi Mme Grégoire, en précisant que la première ministre, Elisabeth Borne, s’était entretenue avec M. Abad, le ministre des solidarités, dimanche soir. « Elle lui a rappelé son engagement personnel sur cette question. Elle lui a redit que dans cette affaire comme dans toutes les autres elle suivra les décisions de justice qui pourront être rendues », a dit Olivia Grégoire.
« Aucune autre procédure n’est en cours, à ma connaissance, visant Damien Abad », a conclu la porte-parole du gouvernement, refusant de commenter « d’autres hypothèses ».
« Le gouvernement sera complété après les législatives »
La porte-parole du gouvernement a annoncé que l’équipe d’Elisabeth Borne sera complétée après les législatives avec l’attribution de portefeuilles consacrés au logement et aux transports, deux thématiques dans le périmètre de la ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Amélie de Montchalin. « Il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement », a déclaré Mme Grégoire. « Le gouvernement sera complété après les élections législatives » des 12 et 19 juin, avait-elle préalablement précisé.
L’absence de portefeuilles spécifiques aux dossiers du logement ou des transports lors de l’annonce du nouveau gouvernement, vendredi, avait suscité l’étonnement chez les acteurs de ces deux secteurs inquiets d’une hypothétique disparition de ministère ou secrétariat d’Etat consacrés à ces enjeux.
« Ce gouvernement est déjà opérationnel sur les enjeux de transport et de logement, il nous manque peut-être quelques ministres et (…) le président de la République et la première ministre auront loisir de compléter l’équipe gouvernementale », a encore expliqué Olivia Grégoire.