La coalition de gauche menée par Jean-Luc Mélenchon a réalisé une percée spectaculaire le 12 juin aux élections législatives. Ce résultat lui permet d’espérer priver Emmanuel Macron de majorité absolue.
L’abstention record, qui en général touche davantage les quartiers populaires et les jeunes, important vivier d’électeurs pour la gauche, n’a pas empêché la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) de transformer les promesses des bons sondages à l’occasion du premier tour des législatives. Selon les résultats publiés par le ministère de l’Intérieur cette nuit (du 12 au 13 juin), la Nupes arrive juste derrière la coalition présidentielle Ensemble, avec 21 442 voix d’avance en nombre total de voix. L’alliance macroniste a ainsi remporté 25,75% des voix et la Nupes de Jean-Luc Mélenchon 25,66%, toujours selon les résultats officiels.
Néanmoins, certains membres de la Nupes comme Manuel Bompard ou Eric Coquerel ont estimé que l’avance du parti macroniste était le résultat artificiel de la présentation des résultats par le ministère. Ainsi, selon eux, les résultats officiels classeraient certains candidats soutenus par la Nupes en divers gauche, ce qui aurait pour conséquence d’affaiblir le pourcentage de voix obtenues par la coalition de gauche.
Quoiqu’il en soit, la Nupes peut espérer nombre de sièges avec la qualification de ses candidats dans plus de 500 circonscriptions, selon les insoumis.
La coalition de gauche et les macronistes devancent le Rassemblement national (18,5-19,7%) des voix, suivi par Les Républicains (11,1-14%).
Le RN est ainsi en forte progression par rapport à 2017 (13,2%). Avec ce résultat, Marine Le Pen espère obtenir dimanche prochain au moins les 15 députés nécessaires pour former un groupe à l’Assemblée nationale. Ce serait une première depuis 1986.
Le chef de file du très jeune parti Reconquête ! Eric Zemmour, qui avait atteint 7% des voix lors de la présidentielle, est lui éliminé dès ce premier tour.
Mélenchon appelle ses partisans à «déferler» avec leurs bulletins de vote
Alors que les résultats temporaires donnaient son mouvement au coude-à-coude avec Ensemble!, Jean-Luc Mélenchon avait revendiqué dans la soirée une victoire, lors d’un discours à La Fabrique, dans le Xe arrondissement de Paris : «La Nupes arrive en tête, elle sera présente dans plus de 500 circonscriptions au deuxième tour, et dès lors, les projections en sièges à cette heure n’ont aucun sens sinon celui de maintenir une illusion.»
Estimant que le parti présidentiel était «battu et défait», il s’est adressé en vue du second tour à «la jeunesse et tous les milieux populaires si durement éprouvés par 30 ans de néolibéralisme» : «Déferlez avec vos bulletins de vote pour ouvrir tout grand la porte du futur, ce futur d’harmonie des êtres humains […] et avec la nature». Jean-Luc Mélenchon a aussi salué «l’accord» créant la Nupes, «qui a rendu possible» cette percée.
«Nous avons réalisé un score historique grâce à la bannière commune» de la Nupes, a déclaré le chef d’EELV Julien Bayou, qui a réclamé à la macronie un «débat d’entre-deux-tours projet contre projet». «Nous avons déjoué les pronostics, l’enjeu c’est maintenant de déjouer les projections» de second tour, a-t-il ajouté.
Déferlez dimanche prochain pour rejeter les projets funestes de M. #Macron.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 12, 2022
Déferlez avec vos bulletins de vote pour mettre fin à 30 ans de néolibéralisme.#NUPES #Legislatives2022 #VcommeVictoire pic.twitter.com/hxd9PTZQ7V
Pour le socialiste Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, ce résultat montre «que la Nupes, ça a marché». «C’est un très bon résultat. Tous les scores partiels qui nous remontent sont très bons», pour l’ensemble de la Nupes, a indiqué le dirigeant communiste Ian Brossat, selon qui son chef Fabien Roussel est en ballotage favorable dans sa circonscription de Saint-Amand-les-Eaux.
Au-delà des députés sortants insoumis, socialistes, communistes et écologistes, plusieurs figures de la gauche se sont qualifiées pour le second tour, dont le chef du PS Olivier Faure, Julien Bayou, Manuel Bompard, qui a repris le flambeau de Jean-Luc Mélenchon dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, de nombreux candidats de Seine-Saint-Denis.
Autre élément marquant de ce premier tour : l’abstention a atteint un nouveau record pour un premier tour d’élections législatives, se situant à 52,49% selon les résultats du ministère de l’Intérieur, soit plus d’un point de plus que le précédent record de 2017 (51,3%).
À Marseille, un résultat porté par les Insoumis dans les quartiers Nord et le centre-ville
Après avoir placé Jean-Luc Mélenchon en tête au 1er tour de la présidentielle (31,12 %), Marseille a confirmé : les candidats de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) sont arrivés premiers, dimanche (31,96 %). Ce que n’a pas manqué de souligner Benoît Payan, maire de la Ville :
À Marseille, les électrices et les électeurs ont choisi de placer le rassemblement de la gauche et des écologistes en tête du scrutin. Cela montre que l’union est porteuse d’espoir.
Pour le second tour, Benoît Payan appelle l’ensemble des Marseillais à faire le choix « des forces de progrès partout où c’est possible et à faire barrage aux candidats du Rassemblement National partout où cela est nécessaire ». Le maire a remercié les « plus de 3 300 personnes » qui se sont mobilisées pour assurer la vie démocratique en tenant les bureaux de vote et faire que ce scrutin puisse se tenir dans de bonnes conditions.