Valérie Pécresse avait déçu son propre camp en début de campagne. Son premier grand meeting au Zenith de Paris, dimanche dernier, a été… catastrophique.
Valérie Pécresse n’y parvient pas. Son premier grand rendez-vous au Zénith de Paris en témoigne. Un manqué qui parle de lui-même:
[…] les extrémistes vous mentent. Refusez le venin de la nostalgie. Ne laissez ni la colère ni la peur l’emporter.
Des airs (Ségolène) Royal dans ses plus mauvais jours, un ton douteux faux-jeton et des élans lyriques presque gênants:
[…] j’incarne avec vous la République en ordre, ils sont le désordre. J’incarne la force de l’unité nationale, ils sont la désunion.
Une sorte de plan de communication inspiré des phrases alambiquées d’Emmanuel Macron, mais qui ne prend pas:
[…] sur les chemins de la victoire, nous allons nous lever. Nous allons hisser nos drapeaux. Vous êtes faits pour la lumière. Vous êtes faits pour la grandeur. La France de toujours et du futur. Ce nom de France, je veux qu’il résonne de nouveau. Je veux qu’il étonne.
Un discours raté
Ce premier rendez-vous avec le public pourrait marquer le début de la fin des espoirs présidentiels d’une candidate qui était déjà sur la défensive lundi matin au micro de RTL, où elle affirmait: « Il y a meilleur orateur que moi, mais pour faire quelque chose, je suis la meilleure. » D’accord… Une phrase qui résume bien la calamité Pécresse qui, d’une part, avoue avoir été décevante, et d’autre part, étale un orgueil gras.
La défense de la candidate par Christian Jacob est hostile. Pour le Président des Républicains: « On ne perd pas en étant sincère ». Au soir des débats en mode « mediocritude » de Ségolène Royal en 2007 ou de Marine Le Pen en 2017, des cadres de leur parti respectif trouvaient tout de même des motifs de satisfaction. Même de ce côté, plusieurs éléments de la droite parlementaire n’ont pas fait semblant. Nadine Morano et d’autres élus n’ont pu que constater le désastre. Certains ont regretté un format diminué pour leur candidate, probablement plus à l’aise dans des débats techno-scolaires. Un meeting qui a mis mal à l’aise jusqu’aux militants dont certains ont préféré quitter la salle avant la fin du spectacle.
Alain Minc, qui a enterré trop tôt le pseudo-candidat Macron en soutenant la candidate LR, a tenté de jouer la carte de la discrimination:
[…] Il y a quand même une petite musique dans la manière de la critiquer dont on n’enlèvera pas l’idée qu’elle ne serait pas exactement la même à l’égard d’un homme.
Une défense peu assurée à droite, un délice pour ses adversaires
Les extraits du meeting de la candidate Pécresse ont rempli de joie les esprits taquins sur Twitter, notamment. C’est notamment le cas des équipes d’Eric Zemmour, très actives pour récupérer l’électorat LR. Parmi eux, Damien Rieu – de la cellule riposte du candidat – a pointé du doigt le plagiat étonnant de la candidate :
Zemmour: – Je rencontre des Français. Deux craintes les hantent. Celle du grand déclassement et celle du grand remplacement.
Pécresse: – Pas de fatalité. Ni au grand déclassement, ni au grand remplacement.
Le copier-coller de la candidate n’a guère été assumé lundi matin et la tentative de taper un peu à droite s’est soldé par un ratage en bonne et dû forme. Reconnue comme étant une gestionnaire patentée à la Région Ile-de-France, Mme Pécresse n’est probablement pas facettée pour une campagne présidentielle ou elle est très mal entourée. Il s’agira à présent de voir comment réagiront les électeurs dans les sondages. Si le mal est fait, c’est surtout la base militante LR qui pourrait la quitter. En effet ceux qui penchent plus au centre pourraient être tenté de se rabattre sur la candidature Macron quand les plus droitiers pourraient rejoindre Zemmour.
Un éclatement en plein vol serait peut-être la clé du futur scrutin et précipiterait la grande reformation de la droite que certains appels de leurs vœux. Il faut souligner que si la candidate n’est pas aidée par les anciens, à l’image de Nicolas Sarkozy, devenu ce vieux totem de la droite parlementaire chez qui elle est allée chercher un adoubement vendredi dernier. A la sortie du rendez-vous, le ton sonnait faux, comme d’habitude:
[…] nous avons eu une conversation entre amis. Une conversation franche et affectueuse. Et c’était très utile pour moi d’avoir les conseils d’un ancien président de la République. C’était aussi, j’allais dire, un moment en famille. Je suis très heureuse de cet entretien.
Une dissonance a rendre aphone et pour cause, Nicolas Sarkozy ne la soutient pas pour le moment. Ce n’est pas son ami, comme elle se plaît à le dire. Elle n’est jamais parvenue à avoir la sympathie de l’ancien patron de la droite qui préférait les profils autodidactes que ceux des premiers de classe. Un ancien président pour qui la prestation de son ancien ministre dimanche aura probablement coupé l’envie de l’épauler.
Avec une campagne bien mal embarquée, il reste cependant quelques semaines à Mme Pécresse pour corriger le tir. Il faudra du courage, beaucoup de courage et du talent pour inverser la tendance, faire bloc dans son camp, clarifier son image et dépasser les moqueries qui vont désormais être son quotidien au moins sur les réseaux sociaux. En politique toute faute est un crime.