À peine lancé, le sommet est déjà rythmé par le conflit dont les négociations semblent avancer sans Bali, sans Macron et surtout sans Zelensky [Explications]

Mardi, l’essentiel des chefs d’État des pays aux économies les plus développées se retrouvaient pour deux jours à Bali en Indonésie, pays non-membres du G20, mais président de ce Forum depuis fin 2021 et ce jusqu’à la fin du mois de novembre. Le slogan de l’événement, qui a sans doute rapporté gros à un cabinet de conseil en communication, est un poignant diptyque doté d’une anaphore : « Se rétablir ensemble, se rétablir plus solidement ». On aura bien sûr saisis que nous étions tous à terre… lol
Trois axes devaient déterminer les rencontres. Le premier, l’architecture de la santé ? Il faut dire que la présidence indonésienne aura largement été marquée par le covid-19. Notons à cet effet que, si l’économie de l’Indonésie peut être considérée comme en voie de développement notamment en comparaison au pays du G20, le nombre de morts par habitant du coronavirus est nettement inférieur à la moyenne occidentale. Avec 570 morts par million d’habitants, le pays a donc fait 4 fois mieux que la France. Également au programme la transition numérique, un thème qui s’inscrira bien dans la lignée du Great Reset, entre dématérialisation de tout, à commencer par la monnaie et la surveillance de masse comme le covid l’a partiellement initié. D’ailleurs, le troisième thème devrait parfaire les ambitions de flics à agent en matière numérique puisque le G20 se penche bien sûr sur le sujet préféré des médias : le réchauffement climatique.
Trois thèmes qui n’ont rien d’originaux et qui ne devraient pas occuper la place initialement prévu. En effet, les questions liées à la guerre en Ukraine n’ont pas été au programme indonésien alors que sans surprise, c’est la principale question de l’actualité mondiale. Mais si l’agenda de la rencontre a sans doute été rédigé trop tôt, il était encore temps d’organiser une ouverture avec un invité de marque, un top mannequin à ses heures dans les pages de Vogue Américain l’été dernier, en compagnie de son épouse. Nous parlons de Volodymyr Zelensky. Ainsi, celui qui sert de président à l’Ukraine a pu s’adonner à la visio’, son loisir préféré, en t-shirt kaki « Petit Bateau ».
L’Ukrainien a voulu conserver sa fougue habituelle pour agiter la menace nucléaire russe et à malicieusement évoquer le G19 (comprendre G20 sans la Russie, NdlR) mais ses propos trahissaient bien la réalité : les négociations de paix sont en cours et il n’y est pas convié. En effet, des discussions ont eu lieu lundi à Ankara, en Turquie, entre la Russie et les États-Unis. De quoi illustrer, pour l’élan à la percussion, que la guerre qui se joue sur le territoire ukrainien et bien un conflit par procuration qui oppose en réalité les deux blocs de la guerre froide : la Russie d’un côté, l’OTAN sous la coupe américaine de l’autre.
À noter d’ailleurs, que les représentants des deux pays à Ankara étaient les responsables des renseignements respectifs. Dans ce cadre, Vladimir Poutine n’a pas jugé utile de se rendre à Bali, estimant sans doute que les discussions intéressantes n’auraient pas lieu au sein de rendez-vous. C’est donc le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, qui s’y est collé officiellement. Le président français, Emmanuel Macron, à quand à lui encore briller par sa déconnexion totale. Lors de sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, il a soufflé à ce dernier de ne pas oublier de parler de la paix en Ukraine avec Poutine (au cas où ça ne lui aurait pas effleuré l’esprit) mais l’idée a toutefois suffit à faire les gros titres de la presse idolâtre française pour vanter les mérites diplomatiques de Jupiter, alors même que l’intervention de Macron montre avant tout sa mise à l’écart total des dossiers brûlants internationaux. Cherchez l’erreur.
Ce G20 devrait donc s’illustrer parmi les éditions les plus inutiles, sinon qu’il aura permis une nouvelle illustration de ceux qui occupent une place dans l’échiquier mondial et ceux qui jouent le rôle… de saltimbanques !