Le conflit ukrainien se poursuit avec des suspicions de crimes de guerre. Au désastre humain s’ajoute le jeu de dupes entre puissance et leur lot de manipulations. Comme un air de déjà-vu.
Après deux semaines de conflit, la guerre d’Ukraine a fait plusieurs milliers de morts. Des chiffres difficiles à évaluer tant ils sont différents selon l’interlocuteur consulté. A chaque guerre son lot d’exactions et d’abomination notamment pour les civils victimes collatérales de conflits, rien de nouveau dans ce triste constat. Rien de nouveau non plus dans les manipulations en tous genres. En France évidemment où des élus peu regardants de la détresse chez eux ou ailleurs comme au Yémen se mettent désormais à vouloir aider le peuple ukrainien à des fins électorales. Mais surtout en Ukraine où ces manipulations semblent atteindre un pic ces derniers jours.
Sur les canaux de communication des deux camps – pro-russe et pro-ukrainien – sont ainsi évoqués le risque d’attaque chimique imminente. Une vraie menace d’un côté, de l’autre ou des deux, ou intox pour éviter le pire… difficile de faire la part des choses dans ce jeu de dupes. Un événement a été brandi par Emmanuel Macron comme justification d’hostilité pour l’Occident contre la Russie: une maternité a été bombardée à Marioupol par les troupes russes. Un hôpital pour enfants, oui. Ce qui rend l’information particulièrement dramatique. Un événement qui peut aussi rappeler l’affaire des couveuses au Koweït, lors de la guerre du Golfe.
Au sujet de la maternité ukrainienne, il s’agit de prendre le sujet avec gravité et la méfiance qui s’impose. Si certains accusent la Russie des frappes qui ont touché les bâtiments, d’autres accusent l’armée ukrainienne d’être à la manœuvre. Deux versions donc, et possiblement même d’autres, mais un seul son de cloche en France ou l’hypothèse d’une manipulation est clairement étouffée.
Une guerre de l’image pour laquelle le public français a été préparé à croire toutes les pires exactions russes et russes uniquement. Une préparation manipulatoire à grands coups de diabolisation à laquelle participent les deux grands quotidiens nationaux français, avec d’un côté le journal Le Figaro qui psychiatrise littéralement le président Poutine et de l’autre, Le Monde, qui propose des patchworks d’articles de presse anti-russe à quiconque consultera son média.
Une population bien préparée mentalement, voire psychologiquement à admettre gentiment des manipulations qui sont le lot de toutes les guerres modernes, il faut le souligner. Ainsi l’invasion de l’Irak – dont l’actuel président des Etats-Unis, Joe Biden, était un fervent partisan en 2003 – était basé sur les fameuses armes de destruction massive qui n’existaient pas. La guerre du Golfe avait connu des témoignages mensongers concernant des couveuses Koweitiennes. Plus loin, on pourrait aussi évoquer le déclenchement de la guerre du Vietnam en 1964 avec la fausse attaque de deux destroyers américain dans le golfe du Tonkin. Plus récemment, en 1999 au Kosovo, le mensonge servira aussi de justificatif à l’OTAN.
Autant de drames avec en toile de fond des officines américaines qui tirent les ficelles pour montrer au monde qu’untel ou untel est capable du pire. En attendant, les seules attaques atomiques jamais produites l’ont été par Washington.
Autant d’épisodes de manipulation qui invitent à la plus grande prudence et à ne pas céder aux sirènes de l’émotion. Les drames seront nombreux dans ce conflit russo-occidental, et les manipulations aussi. Et pour l’heure, la fin des combats n’est pas d’actualité comme en témoignent, les discussions entre russes et ukrainiens qui seraient au point mort après la dernière entrevue des ministres des Affaires étrangères des deux pays en Turquie, jeudi.