Gérald Darmanin avait critiqué, vendredi dernier sur Twitter, le vote au Sénat d’un amendement visant à exonérer d’impôts une partie des indemnités perçues par les maires.

Gérald Darmanin à Paris, le 14 novembre 2018 I AFP / LUDOVIC MARIN
Les interventions de Gérald Darmanin, mardi au Sénat, ont été particulièrement agitées. Le ministre des Comptes publics avait publié vendredi un tweet qui avait fait polémique, et la majorité sénatoriale de droite l’attendait de pied ferme à l’occasion des questions au gouvernement. À chaque prise de parole -il a répondu à trois questions, dont deux sur le pouvoir achat- le ministre a essuyé les bouh bouh des bancs de droite, couvrant une partie de ses propos.
Il est vrai qu’au lieu de faire des tweets, il vaut mieux dire en face les choses, a déclaré M. Darmanin, ajoutant qu’il aurait pu aussi lire les très nombreux tweets d’attaques personnelles qu’il a reçus.
L’examen du projet de loi de finances pour 2019 avait été interrompu entre vendredi et lundi après un tweet du ministre des Comptes publics contestant une mesure adoptée par la haute assemblée en faveur des élus locaux. Jerôme Bascher (LR) a interpellé Édouard Philippe sur cet incident « qui s’est déroulé (…) au lendemain de la fin du congrès des maires, et qui nous semble grave pour le respect de nos institutions ».
Quand le Sénat travaille à mettre de l’huile dans les rouages de la République, le gouvernement répond par des déclarations et des tweets mettant de l’huile sur le feu par des raccourcis malvenus, a-t-il accusé.
Le Premier ministre m’a autorisé à vous répondre parce qu’il me semble être légèrement concerné par votre question, a déclaré Gerald Darmanin, sous les huées. Sans doute aurais-je dû être à ma place au banc, vendredi, a-t-il dit, expliquant avec une pointe d’ironie qu’il se trouvait alors dans sa commune: Il est vrai que de temps en temps, j’ai un petit remord (…) j’ai été maire, a-t-il glissé, déclenchant une nouvelle salve de protestations.
Sur le fond, y a-t-il un problème de rémunération et notamment de fiscalité depuis 2017 des élus des petites communes ? (…) la réponse est oui. Est-ce que cet amendement correspondait à l’exposé des motifs que vous avez présentés ? L’honnêteté nous pousse à dire que la réponse est non, a-t-il poursuivi.
Vendredi, les sénateurs avaient adopté à l’unanimité, dans le cadre du projet de budget pour 2019, un amendement prévoyant pour les indemnités que perçoivent les maires des petites communes, le retour partiel au régime fiscal d’avant 2017, plus favorable.
À l’initiative des Républicains, le Sénat vient de voter une augmentation de 125% de la déduction fiscale des élus, qui revient à les exonérer d’impôt jusqu’à 1500€/mois sur leurs indemnités ! Je m’y opposerai évidemment en seconde lecture à l’Assemblée nationale, avait aussitôt tweeté M. Darmanin.
L’amendement fera ce jeudi l’objet d’une seconde délibération.