Alors que Donald Trump est devenu, jeudi 30 mars 2023, le premier ex-président des États-Unis à être inculpé dans une affaire pénale, le parti Républicain a choisi de serrer les rangs plutôt que de s’éloigner de celui qui reste une figure populaire auprès des sympathisants. Au point d’être toujours favori des primaires présidentielles de 2024.

Donald Trump a quitté lundi sa résidence de Mar-a-Lago en Floride pour se rendre à New York, au tribunal de Manhattan, où il lui sera lu, ce mardi 4 avril, son acte d’accusation dans un dossier lié à un versement de 130 000 dollars à la star du porno Stormy Daniels en 2016.
Un ancien président des États-Unis inculpé dans une affaire pénale, c’est une première dans le pays de l’Oncle Sam. Pour autant, le parti Républicain n’a pas lâché l’ancien animateur de télévision. Au contraire même, le Grand old party (GOP) a rugi en bloc pour soutenir Donald Trump, pourtant visé par trois autres enquêtes dans des dossiers autrement plus graves, en premier lieu l’assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole par les partisans du 45e président des États-Unis.
Ses opposants au sein du parti ont crié en chœur au scandale
Signe de l’influence persistante de Donald Trump au sein du GOP, tout le camp conservateur s’est levé d’un seul homme pour dénoncer une « persécution politique ». Sur les plateaux TV, les réseaux sociaux et dans les communiqués de presse, les élus républicains ont fait bloc autour du candidat à la présidentielle, érigé en véritable martyr.
Mike Pompeo, ancien chef de la diplomatie américaine et également pressenti pour les primaires de 2024, a jugé qu’en décidant d’inculper un ancien président, le procureur Alvin Bragg « sapait la confiance de l’Amérique dans notre système judiciaire ». Les autres prétendants déclarés ou potentiels aux primaires républicaines, et donc adversaires de Donald Trump, ont joint leurs voix à ce concert virulent. Mike Pence a dénoncé une « honte » et Nikki Haley des « poursuites politiques ».
Même son principal rival républicain Ron DeSantis a dénoncé une inculpation « contraire aux valeurs de l’Amérique ». Donald Trump l’attaque pourtant régulièrement, le couvrant de sarcasmes, tandis que le gouverneur de la Floride ne s’est jamais risqué à critiquer le bilan de l’ex-locataire de la Maison-Blanche. L’élu de la chambre basse du Parlement ne se distingue d’ailleurs guère de l’ex-président, reprenant avec encore plus de férocité la « guerre culturelle » de l’extrême droite américaine contre « l’idéologie woke ». Preuve que le trumpisme est ancré au sein GOP, avec ou sans son créateur.
The weaponization of the legal system to advance a political agenda turns the rule of law on its head.
— Ron DeSantis (@GovRonDeSantis) March 30, 2023
It is un-American.
The Soros-backed Manhattan District Attorney has consistently bent the law to downgrade felonies and to excuse criminal misconduct. Yet, now he is…
Donald Trump toujours populaire auprès de la base
Cette réaction unanime s’explique d’abord par la popularité de Donald Trump auprès de la base républicaine. Ne pas le défendre, ou prendre ses distances, aurait été un énorme risque politique, à l’image de celui pris par Liz Cheney, qui s’était érigée en bête noire républicaine de Donald Trump en rejetant clairement le mythe de l’élection présidentielle volée. Elle avait finalement été défaite l’été dernier lors de sa primaire dans le Wyoming pour un siège à la Chambre des représentants, face à une candidate soutenue par l’ex-président. Une claque pour les Républicains anti-Trump qui résonne encore.
Les différents sondages indiquent que Trump aurait le soutien d’environ un militant sur deux. Selon une enquête Yahoo News/YouGov, menée auprès de 1 089 adultes américains au cours des 24 premières heures suivant l’inculpation de Donald Trump, ce dernier remporterait la primaire du GOP dès le premier tour avec 52 %. En deuxième position, le gouverneur de Floride Ron DeSantis n’obtiendrait que 21 %, devant l’ancienne ambassadrice des États-Unis à l’Onu Nikki Haley (5 %) et de l’ancien vice-président Mike Pence (3 %). Plus symptomatique encore de la force de Donald Trump, son avance dans les sondages de la primaire républicaine de 2024 n’a cessé de se creuser au cours du dernier mois, y compris depuis son inculpation.
Une rhétorique populiste toujours porteuse chez les conservateurs
Comment expliquer un tel appui des électeurs conservateurs ? D’abord par la rhétorique populiste de Donald Trump, qui le renforce à mesure qu’il est mis en cause. Beaucoup voient, dans cette inculpation d’un procureur new-yorkais progressiste, une persécution ou un complot.
Une grande partie des élus républicains ont concentré leurs attaques sur le procureur de Manhattan, Alvin Bragg, accusé notamment par Ron DeSantis d’être soutenu par George Soros, milliardaire d’origine hongroise et figure honnie sur fond d’antisémitisme du mouvement MAGA (du slogan de campagne de Donald Trump « Make America Great Again »).
Un sondage de l’Université de Quinnipiac indique que la plupart des républicains ne croyaient pas qu’Alvin Bragg était un observateur impartial. Et presque tous les sympathisants républicains (93 %) pensaient qu’il s’agissait avant tout d’un procès politique.