A Trappes, rien de nouveau… et tout le monde s’étonne ?! Les menaces contre un professeur de philosophie critique à l’égard de l’islamisme choquent une partie de l’opinion et de la classe médiatico-politique. Du déjà vu qui illustre les changements en cours dans certains territoires.
Des terres d’immigration islamisée, des profs gauchistes un peu perdus, des provocations inutiles et des menaces inacceptables… Bref, tous les ingrédients sont une nouvelle fois réunis pour un joyeux conflit ethno-communautaire. Et c’est encore une fois dans les Yvelines que les faits ont lieu ; à Trappes, ville d’immigration s’il en est. Les faits sont plutôt classiques : un professeur dénonce l’islamisation à grand coup de références à la deuxième guerre mondiale, se gardant bien de faire des amalgames, mais faisant un peu de prosélytisme tout même. Ce professeur nommé Didier Lemaire a ainsi publié une tribune dans L’Obs en novembre dernier, dans laquelle il fait une démonstration insignifiante de ce que peut penser un professeur amoureux de la tolérance et qui, après quelques décennies, peste contre la montée des extrémismes, se rend compte que l’immigration, elle aussi a monté, et provoque des dommages irrémédiables dans son mode de vie. Du coup, l’enseignant menacé se trouve sous protection policière.
Dans sa missive on retrouve selon lui les piliers d’une société saine, un État de droit qui empêche les communautés de faire la loi, une école qui éduque convenablement les enfants et qui, je cite : « prépare chaque homme à devenir citoyen par la transmission d’une culture humaniste, scientifique, artistique et philosophique ». Un vieux logiciel qui fleure bon la 3e République nourri d’un parfum désuet en 2021, dans un territoire qui, en matière de culture, a donné naissance à l’humoriste Jamel Debbouze, le rappeur La Fouine ou encore l’acteur Omar Sy. La lettre décrit en outre ce que certains appellent le séparatisme. Didier Lemaire rejette d’ailleurs cette expression, car pour lui les personnes visées voudraient abattre la démocratie de la République et donc son cœur supposé : l’école. Il déplore en outre le fait que ses élèves ne se sentent pas français et que nous sommes dans un état de guerre naissant.
Le professeur souligne qu’à Trappes 400 fichés S de catégorie « radicalisation » circulent librement, insistant au passage sur la pression qu’ils exerceraient sur les jeunes élèves. Difficile pourtant, surtout pour un professeur de philosophie, de réclamer l’internement de ces 400 individus au nom de leur seule idéologie. Il reste qu’une fois les « portes ouvertes » enfoncées dans son texte, M. Lemaire fait preuve de lucidité en démontrant le mécanisme de victimisation, de lutte contre le racisme et l’injustice main dans la main des progressistes directement impliqués dans une stratégie d’évitement. A Trappes, le maire de la ville, Ali Rabeh, adhérent du parti Génération.s de Benoît Hamon (ex-PS), en est une parfaite illustration, ce genre de Mairie ou le niqab côtoie l’écriture inclusive, le temps de quelques mandats de transition.
M. Rabeh, dont l’élection a été annulée le 2 février dernier après un recours de son opposant de droite à la mairie, Othman Nasrou, est une figure pour le moins controversée. Il affirme que le professeur de philosophie ment et dénonce également les incohérences de l’enseignant sur plusieurs éléments. Tout d’abord l’incendie d’une synagogue en 2000 qui aurait contraint les Juifs de Trappes à quitter la ville, mais qui selon le procureur de l’époque était accidentel. Le maire remet également en cause les propos du professeur qui affirme qu’il n’y a plus de salon de coiffure mixte dans la ville alors que l’édile en dénombre quatre, ce qui reste tout de même assez peu pour une telle ville, surtout dans un pays se disant occidental. Quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, le constat n’a cependant toujours pas changé. Le danger existe avec à sa racine une immigration extra-européenne incontrôlée voire folle, plus qu’une religion venue d’ailleurs qui sert bien souvent de prétexte.
Pétri d’égalitarisme républicain, l’enseignant-victime ne dispose pas d’arme idéologique pour contrer ce qu’il dénonce. Affirmant être de gauche et démocrate, rejetant le soutien de ce qu’il appelle les extrêmes et la droite, il s’interroge en 2021 sur le silence des ténors de la gauche au sujet de ce qu’il considère comme une prise de pouvoir des salafistes à Trappes. Le rectorat lui a proposé une mutation qu’il a refusé préférant finir l’année dans son lycée, qui est d’ailleurs sous surveillance policière depuis bientôt trois mois.
Quatre mois après l’égorgement du professeur Samuel Paty, cette affaire illustre une nouvelle fois le désœuvrement d’une profession face à une situation explosive et malsaine qu’elle a contribué à créer. Les réactions sur les réseaux sociaux et des personnalités politiques se divisent en deux grands ensembles peu nuancés. D’un côté, on découvre des réflexes laïcards intransigeants antireligieux à la sauce Charlie Hebdo et de l’autre une position de soumission clientéliste de politique de gauche, majoritairement. Dans tous les cas, un déni subsiste, celui de la cause originelle de ces troubles, l’immigration. Dans quelques semaines ou dans quelques mois de nouveaux crimes seront sans doutes perpétrés dans un mutisme quasi-total. Les uns diront qu’ils avaient prévenu, les autres n’auront plus que leurs yeux pour pleurer.