Circulant à vide depuis lundi, le train de fret transportant des primeurs de Perpignan au marché de Rungis, a été suspendu pendant la basse saison, et reprendra au 1er novembre.

Le Perpignan-Rungis en gare de Perpignan, le 12 juillet 2019 I AFP / RAYMOND ROIG
La possible disparition, au profit du transport routier, de cette ligne reliant la plateforme Saint-Charles international de Perpignan, premier centre de commercialisation, de transports et logistique de fruits et légumes en Europe et le marché de Rungis (Val-de-Marne), présenté comme le plus grand marché de produit frais au monde, avait suscité de vives critiques, notamment chez les écologistes. La suspension temporaire de la ligne ferroviaire, actée lors d’une réunion du comité de pilotage ministériel à la préfecture des Pyrénées-Orientales, est intervenu le jour de la passation de pouvoirs au ministère de la Transition écologique entre François de Rugy et Elisabeth Borne, qui conserve son portefeuille des Transports.
La liaison à vide, comme elle est réalisée depuis trois jours, n’est pas acceptable. Elle va s’arrêter aujourd’hui (mercredi) jusqu’au 1er novembre, a indiqué Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région Occitanie, en charge des Transports et participant à cette rencontre.
A partir du 1er novembre va recommencer une liaison entre Saint-Charles et Rungis, telle qu’elle était, mais de manière transitoire, le temps de trouver une solution pérenne, a-t-il précisé. Les wagons frigorifiques sont selon la SNCF en bout de course.
Un avenir, oui !
Un nouveau comité de pilotage aura lieu le 11 septembre prochain, et sera ouvert aux grandes distributions comme aux filières Bio. Deux réunions techniques devraient être organisées pour travailler sur les problématiques de vétusté des wagons et leur remplacement.
Aujourd’hui, une étape a été franchie, celle de confirmer qu’il est légitime et utile que cette liaison ferroviaire se poursuive. Cela a été une réunion productive, a affirmé le responsable de la Région, présidée par Carole Delga (PS).
La liaison ferroviaire entre Perpignan et Rungis a maintenant un avenir, a insisté la ministre Elisabeth Borne. Le gouvernement ne pouvait pas se résoudre à ce que les marchandises du Perpignan-Rungis passent du rail à la route. Tout le monde a été mis devant le fait accompli lors de l’annonce de l’arrêt de ce train qui était prévu fin juin. Si je ne m’étais pas mobilisée, ce train serait arrêté depuis fin juin.
Train-train et « Cynisme absolu » ?
Jusqu’au 15 juillet, de nombreux fruits et légumes en provenance du Maroc et d’Espagne, qui bénéficient d’un ensoleillement plus important et plus précoce qu’en France, transitent par Perpignan. Après cette date, la production française prend le relais.
Dès la réunion du 17 mai au ministère (…), la SNCF s’était engagée à [maintenir] ce train jusqu’à la fin de la saison haute et avait proposé qu’il soit prolongé jusqu’à la fin de l’année, le temps qu’il y ait une solution ferroviaire pérenne qui prenne le relai, a ajouté la ministre.
Je veux que cette offre ferroviaire continue, ce train peut continuer à rouler. Il reprendra avec une solution qui peut durer le temps nécessaire pour bâtir une solution pérenne, sans doute avec du transport combiné, a ajouté Mme Borne sur BFM TV.
Mais cet optimisme gouvernemental est loin d’être partagé par l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot:
Quand, ministre des Transports, [Mme Borne] fait semblant de défendre le train des primeurs entre Perpignan et Rungis, le faisant circuler à vide parce qu’elle refuse d’investir dans des wagons frigorifiques, tout en organisant avec la SNCF le transport des marchandises par 25.000 camions par an, c’est d’un cynisme absolu !
Et pour Thomas Portes, animateur du collectif Sauvons le Perpignan-Rungis, syndicaliste CGT-Cheminots et responsable national des cheminots au PCF, c’est une mise à mort que prononce la nouvelle ministre de l’Ecologie !
La ministre a rappelé que la ligne était en capacité de perdurer dans les mêmes conditions qu’actuellement jusqu’à la fin de l’année. Pour la suite, les discussions devraient éclaircir l’avenir de cette ligne, que l’Etat n’abandonnera pas.