Au cœur du Ier arrondissement de Marseille, le chef Benjamin Moro propose un modèle de synthèse, opportune à concilier les niaques et la délicatesse de la « Botte ». On s’y glisse.

Au début de la rue Venture qui dit tout haut mais mâche tout bas, À Moro, en bonne place d’un ex-vieux snack imbibé de Pastis, est désormais un Italien fringant au sein duquel Benjamin Moro, un de ces chefs du cru, a repris les fourneaux. Ouvrir un resto dans ces parages, c’est un peu comme assurer une campagne électorale. Prière d’y aller « francamente », de tendre un sourire chounet et de jouer aussi des coudes. Le lieu, vif de son succès, s’est attiré la politesse d’un électorat bonhomme.
Tout ce qui se joue, depuis quelques semaines, à deux pas de l’angle Saint Ferréol, sent bon l’envie, la niaque, le niveau, les sérénades italiennes tenues, avec des p’tites boutanches en vin nature qui te chantent le soleil au comptoir. La Venture, dans cette rue, repart avec une ambition d’adresse ritale et bistrotière « pur jus » dans laquelle il s’agit de se faire adopter. Chaque nouvelle table compte à Marseille.
Loin du concept aussi farce qu’attrape des enseignes Républicaines soi-disant « splendides », j’avise de la grande rue où il fait bon s’afficher que mal manger, au 3 rue Venture, donc, tu dégustes douillet et ultramontain. Coup de bon « jaja » (faut s’hydrater) et sourires engendrés par le service, les hors-d’œuvres te jouent une chansonnette digne et engageante. À Moro apporte aux pieds de La Bonne Mère sa belle gouaille à faire pâlir la France.
À l’ardoise pour l’heure : Gnudi en sauge beurrée; Caponata, focaccia i ricotta salata; Vittelo Tonnato; Poireaux pesto de cresson ou Jambon de Parme en chiffonnade t’incitent. Les Blettes t’anchoïade gentiment la bouche. Tu en redemandes. Loin d’avoir tout jaugé et surtout grandement boulotté, gli spaghettoni e fagioli, pancetta servit plus tard, te remontent sévèrement les bretelles. Saucisse au fenouil, purée; calamarata Alfredo ou encore Maigre, risotto à la courge, carotte, cresson, sauce verte sont addictifs à siffler.
Pas de dessert cette fois, même si le Fiadone mosto Cotto s’engaste au fond de la salle de ne pas l’avoir choisi. La cuvée « Barry » du Domaine Ozil en grenache et Syrah, souple et gourmand, repose. Paraît que « La bonne cuisine est honnête, sincère et simple .» Chez À Moro, oui.
À Moro, 3 rue Venture à Marseille (Ier). t/ 07 65 80 37 37. Coût de fourchette à partir de 20 € (entrée/plat ou plat/dessert). Plus de renseignements ici