En attendant la réouverture des cinémas dans deux semaines, la rédaction de Quotidien Libre vous propose une sélection de nouveautés disponibles sur les plateformes de streaming ou en VOD.
Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne, Indiana Jones, reporter – Ni tout à fait un film, ni tout à fait un dessin animé, voici que débarque le Tintin de Steven Spielberg, adapté de trois albums d’Hergé. Comment ne pas trahir la ligne claire en utilisant la technique numérique de la « motion capture » ? Certains scrogneugneux et autres tintinophiles exégètes en seront sûrement rebutés. Pourtant, l’énergie est là. La vie circule sous les maquillages numériques de l’Anglais Jamie Bell, alias Tintin, et du capitaine Haddock, admirablement campé par Andy Serkis. Disons-le clairement : Steven Spielberg et Jackson ont réussi le tour de force de ne pas trahir l’esprit Tintin. Empreint d’action, d’humour et de suspense, le film est aussi virevoltant que virtuose. On y retrouve l’innocence et la candeur joyeuse qui animaient les premiers films du réalisateur de E.T. et de la trilogie des Indiana Jones. Ce film est à la convergence entre le roman de mystère, le film de détective et l’épopée d’aventure. Le nouvel avatar de Tintin plaira aux futures générations, de 7 à 77 ans. Le héros est toujours aussi rapide, curieux, enthousiaste, reporter dans l’âme. Et il a beau recoiffer sa houppette au début du film, elle rebique immédiatement au premier embrun d’aventure. Disponible à partir du 9 mai sur MyCanal
The Tree of Life, clivant – Pour sa collection festival de Cannes, la plateforme Salto dévoile un mois de mai chargé en cinéma. De nombreux films primés sur la croisette seront disponibles à partir du 7 mai. Parmi eux, The Tree of Life, récompensé par la Palme d’or en 2011 et couronné Oscar du meilleur film la même année. Pour pénétrer pleinement dans le cinquième film du réalisateur des Moissons du ciel, il convient tout d’abord d’accepter de lâcher prise. L’Arbre de vie de Terrence Malick, comme le 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick en son temps, est un film somme, une longue prière filmique, d’une beauté formelle extraordinaire, mêlant religion, philosophie de l’existence, transmission parentale, rébellion d’un fils contre l’éducation trop autoritaire de son père. Conçu comme les racines et rhizomes d’un arbre, le film se ramifie en éclats narratifs dispersés. Malick s’affranchit des codes du cinéma classique. Il construit cette chronique familiale dans l’Amérique profonde des années 1950 comme un gigantesque kaléidoscope, un vitrail cinématographique de 2 h 18. De surprenantes séquences contant la création de l’univers s’intercalent entre les scènes de vie de famille. L’œil de la caméra de Malick observe souvent les choses avec le regard tourné vers le ciel, les étoiles ou la cime des arbres. Comme les yeux d’un enfant qui regarde son père d’en bas. Un père dominateur pétri de religion, incarné par un Brad Pitt prodigieux et juste. La mère étant quant à elle tendre, aimante (Jessica Chastain), essayant de donner confiance à ses trois fils. Disponible sur Salto à partir du 7 mai
Les Vacances de monsieur Hulot, les années – Chaque image des Vacances de Monsieur Hulot est une carte postale envoyée en 1953 de Saint-Marc-sur-Mer où son hôtel de la Plage accueille chaque année des vacanciers bien sérieux. Monsieur Hulot arrive – toujours en retard, bien sûr, le retard c’est-à-dire le décalage qui est la marque de fabrique de Tati – dans cette assemblée comme un chien dans un jeu de quilles. Dès qu’il ouvre la porte, il y a comme un vent de panique. Curieusement, lorsqu’on revoit ce classique burlesque, on se prend à rire, bercé par le jazz d’Alain Romans, non des scènes cultes (la partie de tennis, le feu d’artifice, la barque cassée en deux, la célèbre décapotable, modèle finement trafiqué d’une Salmson AL3 ?), mais des scènes mineures, comme celle du ping-pong, de l’enterrement avec le pneu en guise de couronne ou encore la scène des éperons. Quant à la fameuse séquence primitive du quai de gare et ses correspondances incompréhensibles – le son, les bruits toujours gonflés ont chez Tati une singulière dimension -, elle reste naturellement un sommet. Disponible avec la collection Jacques Tatie sur Netflix