Incarnation d’un système dont la contestation algérienne réclame la fin, le président du Conseil constitutionnel algérien Tayeb Belaiz a démissionné à son tour, deux semaines après le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, dont il était un très proche.

Le président du Conseil constitutionnel algérien, Taïeb Belaiz, donne une conférence de presse à Alger, le 18 avril 2014 I AFP/Archives / Farouk Batiche
Belaiz, 70 ans, faisait partie, avec le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah et le chef du gouvernement Noureddine Bedoui, des 3B dont les contestataires réclament le départ, depuis la démission le 2 avril, sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée, de M. Bouteflika après 20 ans de pouvoir. Son poste en faisait un des plus importants personnages de l’Etat algérien et lui conférait un rôle-clé dans la présidentielle prévue le 4 juillet prochain pour élire un remplaçant à M. Bouteflika. Le Conseil constitutionnel est notamment chargé de valider les dossiers de candidatures à la présidentielle et de contrôler la régularité des opérations de vote en Algérie.
Au tour de Bensalah!, ont clamé des milliers d’étudiants rassemblés à Alger en accueillant la nouvelle de la démission de M. Belaiz qui était par ailleurs chargé par la Constitution d’assurer l’intérim à la tête de l’Etat en cas de démission de M. Bensalah.
Ancien magistrat, ministre de façon quasi-ininterrompue durant plus de 10 ans -essentiellement à la Justice et à l’Intérieur-, M. Belaiz, 70 ans, avait été nommé le 10 février à la tête du Conseil constitutionnel par M. Bouteflika -dont il était devenu conseiller spécial- pour remplacer Mourad Medelci, mort quelques jours auparavant. Il avait déjà présidé le Conseil constitutionnel de mars 2012 à septembre 2013. A ce titre, c’était à lui que revenait de déclencher le processus devant constater l’empêchement de gouverner du chef de l’Etat, lorsque M. Bouteflika, victime d’un AVC, avait été hospitalisé 80 jours en France en 2013. Il avait résisté aux multiples appels de l’opposition et de la presse en ce sens. Il avait à nouveau résisté fin mars aux appels sibyllins du chef d’état-major de l’armée le général Ahmed Gaïd Salah suggérant cette procédure constitutionnelle pour écarter M. Bouteflika afin de mettre fin à la crise née de la contestation populaire.