Après avoir été la première femme à arbitrer un match de l’Euro masculin de football, la Française Stéphanie Frappart deviendra, ce jeudi, la première femme à arbitrer un match de la Coupe du monde masculine, au Qatar, lors de la rencontre entre l’Allemagne et le Costa Rica, a annoncé, la FIFA.

Stéphanie Frappart fait partie des trois femmes retenues parmi les trente-six arbitres de champ de ce Mondial avec la Rwandaise Salima Mukansanga et la Japonaise Yoshimi Yamashita. Trois autres font partie de l’effectif des juges de ligne. Le Mondial 2022 au Qatar est la suite logique d’une ascension fulgurante dans la carrière de Stéphanie Frappart, âgée de 38 ans. Première femme arbitre en deuxième division française (en 2014), puis en Ligue 1 masculine (en 2019), en Supercoupe d’Europe (en août 2019), en Ligue des champions (en décembre 2020) et en finale de Coupe de France (le 7 mai dernier), elle continuera à écrire l’histoire jeudi au stade Al-Bayt.
Désormais très bien ancrée dans le paysage français et européen de l’arbitrage, elle avait officié comme quatrième arbitre lors de deux rencontres de cette phase de groupe du Mondial 2022 : Mexique-Pologne et Portugal-Ghana. Le jeu vidéo FIFA l’a par ailleurs intégrée à sa dernière édition.
« Le résultat d’un long processus »
« Une Coupe du monde, c’est le summum, la plus grosse compétition au monde », avait-elle expliqué à la fin de septembre lors d’un point de presse à Clairefontaine, après sa désignation pour le voyage au Qatar. Plutôt qu’un accomplissement personnel, elle préférait y voir « la valorisation de l’arbitrage français ».
Les arbitres féminines « enchaînent depuis plusieurs années les prestations de haut vol », a salué la légende de l’arbitrage, l’Italien Pierluigi Collina, à l’entame du Mondial 2022. « Pour nous, ce sont uniquement des arbitres officielles. Et c’est le message que je leur ai donné : “Vous n’êtes pas ici parce que vous êtes des femmes, vous êtes ici parce que vous êtes des arbitres de la FIFA” », a ajouté le président de la commission des arbitres de l’instance mondiale.
« Leur désignation est le résultat d’un long processus entamé il y a plusieurs années, qui a commencé par la nomination de femmes pour certaines compétitions masculines seniors et de jeunes de la FIFA », a-t-il encore dit, espérant « qu’à l’avenir la présence d’arbitres femmes lors de compétitions masculines de haut niveau sera considérée comme la règle plutôt que l’exception ».
Campagne lancée par la Fédération française de football
Trouver une femme à la direction d’un match d’hommes au haut niveau est pour l’instant encore trop rare. Dans les grands championnats, la pionnière fut l’Allemande Bibiana Steinhaus, première arbitre en Bundesliga, entre 2017 et 2021. En septembre 2017, au sifflet pour la rencontre du Hertha Berlin et du Werder Brême, elle était devenue la première femme de l’histoire du football à diriger un match de Division 1 professionnelle en Europe.
La présence de femmes à la direction de matchs reste exceptionnelle, même au niveau amateur. A titre d’exemple, elles ne sont qu’un millier en France, soit 4 % du contingent des arbitres, selon des chiffres de la Fédération française de football (FFF).
L’ascension de Stéphanie Frappart est le couronnement d’une campagne lancée par la FFF en janvier 2019, qui prévoyait un plan de professionnalisation des arbitres féminines d’élite par « une accentuation des moyens humains et matériels mis à la disposition des officielles féminines, un renforcement de leur préparation, ainsi qu’une évolution du dispositif d’indemnisation, afin de leur assurer les meilleures conditions d’exercice de l’arbitrage ».