Stéphane Séjourné… ce nom, inconnu du grand public il y a quelques années, est désormais propulsé sur le devant de la scène européenne. Mais ne vous méprenez pas, ce n’est pas par une fulgurance intellectuelle ou une contribution mémorable à l’industrie européenne qu’il s’illustre. Non, c’est par un subtil mélange de copinage, de connivence et de vide politique que cet homme se retrouve en charge de la prospérité et de la stratégie industrielle de l’Union européenne.
Difficile de ne pas y voir la touche d’Emmanuel Macron, le maître du « en même temps », qui a trouvé dans Stéphane Séjourné l’allié parfait. Un homme malléable, fidèle, et surtout, incapable de lui faire de l’ombre. Cette nomination n’est pas le fruit d’un quelconque mérite ou d’une expertise. Le CV du nouveau commissaire brille davantage par ses loyautés que par ses compétences. Qu’importe, me direz-vous, Bruxelles n’est-il pas déjà un théâtre de marionnettes ? Emmanuel Macron, en ventriloque talentueux, a simplement ajouté une marionnette supplémentaire à sa collection.
Mais parlons un instant d’Ursula von der Leyen, surnommée avec une ironie glaciale « la Reine de Bruxelles ». Après avoir sèchement rejeté Thierry Breton, elle a cette fois accepté Stéphane Séjourné. Est-ce un feu vert de conviction ou un clin d’œil appuyé pour dire : choisis qui tu veux, tant que c’est quelqu’un d’inoffensif ? Peut-être les deux. Ce qui est sûr, c’est qu’Emmanuel Macron n’a pas moufté après l’humiliation Breton. Pour Stéphane Séjourné, il n’a pas eu besoin de batailler. Il faut croire que l’ancien président de la délégation pour les relations avec le Mercosur a trouvé grâce aux yeux de madame la présidente.
Le 12 novembre, Stéphane Séjourné s’est adressé aux parlementaires européens pour défendre sa nomination. Ce fut, selon certains, un « discours de technocrate totalement plein de vide ». Et c’est peu dire. Une succession de banalités enveloppées d’un vernis institutionnel, histoire de ne pas renier son maître à penser. Ses détracteurs, eux, n’ont pas manqué de relever qu’un homme aussi peu qualifié pour un tel poste pourrait bien passer ses journées à suivre des consignes dictées depuis Paris.
Une menace pour les agriculteurs, une aubaine pour Macron
En tant qu’ancien partisan des accords du Mercosur, Stéphane Séjourné risque d’être un cauchemar pour les agriculteurs français. Mais qu’à cela ne tienne. Bruxelles, c’est loin, et pendant ce temps, Emmanuel Macron peut se concentrer sur sa propre stratégie : consolider son pouvoir sur la politique étrangère, en court-circuitant le Quai d’Orsay et en s’assurant que sa voix résonne jusque dans les couloirs européens. Stéphane Séjourné n’est pas un commissaire, c’est un émissaire, envoyé avec un objectif clair. Relayer la doctrine présidentielle sans poser de questions.
À qui profite le spectacle ?
Bien sûr, les critiques fusent. À droite, à gauche, au centre… Tous s’accordent sur une chose, cette nomination est un symbole de ce qui ne va pas avec l’Europe. Mais Ursula von der Leyen et les députés européens, eux, valideront sans broncher. Parce que c’est comme ça que ça fonctionne. Un joli sourire, un discours aseptisé, et tout passe. La question n’est pas de savoir si Stéphane Séjourné est compétent, mais si Bruxelles peut continuer à avancer sans que la façade ne se fissure.
Un dernier mot pour la route
Stéphane Séjourné est désormais en poste, payé grassement pour occuper une fonction prestigieuse. Si l’on devait parier, ce serait sur l’inaction tranquille de quelqu’un qui sait qu’il n’a pas été choisi pour ses idées, mais pour sa docilité. Mais qui sait ? Peut-être surprendra-t-il tout le monde. Après tout, même les marionnettes peuvent parfois se défaire de leurs fils.