De passage à Paris avant le sommet de l’UE à Bruxelles ce jeudi, le chef d’Etat ukrainien a de nouveau appelé ses alliés à livrer des armes de longue portée et des avions. Pourquoi faire ? Moscou met en garde contre l’escalade que pourrait générer de telles livraisons.

Je ne peux pas vous donner cette information. » Tel était le refrain entendu le plus souvent mercredi, tant côté français qu’ukrainien, en réponse aux questions sur la visite à Paris, organisée à la hâte et tenue secrète jusqu’au dernier instant, du président Zelensky. Raisons de sécurité oblige. L’homme que les forces russes, au besoin appuyées par les groupes spéciaux de Wagner, ont essayé d’éliminer physiquement à plusieurs reprises est en danger, tant dans son pays qu’à l’étranger et lors de ses déplacements. Les deux pays sont en guerre. Rien de bien nouveau sous le soleil d’hiver.
Lors d’une conférence avec son homologue ukrainien et le chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a affirmé sa «détermination» à accompagner Kiev «vers la victoire», ainsi que sa volonté de poursuivre «l’effort» de livraison d’armes aux autorités ukrainiennes. Un message somme toute alarmant pour la France.
Nous nous sommes engagés aux côtés de l’Ukraine […] et nous avons également soutenu l’Ukraine par le biais d’aide financière, d’aide humanitaire et de l’armement, de l’artillerie lourde, de la défense antiaérienne et, plus récemment, de la livraison de chars de combat, et nous continuerons à le faire aussi longtemps que nécessaire
a déclaré lors de cette même conférence de presse le chef du gouvernement allemand.
Volodymyr Zelensky, quant à lui, a une nouvelle fois prôné l’envoi d’armements lourds à l’armée ukrainienne : «Plus tôt l’Ukraine obtient de l’armement lourd de longue portée, plus tôt nos pilotes obtiennent des avions, plus vite se terminera cette agression russe et nous pourrons revenir à la paix en Europe», a-t-il affirmé.
Sommet de l’UE en présence du soldat Zelensky
Pas fichu de se présenter habillé dignement, comme la fonction pourrait l’exiger, le chef d’Etat ukrainien – tenue militaro-fashion – a atterri le 8 février à l’aéroport d’Orly avant de dîner avec son homologue français et le chancelier allemand. Pour l’heure, on ne sait pas si les amuse-bouche étaient croustillants, mais nous savons aujourd’hui que le passage en France de Zelensky est la seconde étape d’une tournée européenne, qui l’emmène ce 9 février à Bruxelles pour un sommet de l’UE. Ce sommet survient alors que Kiev s’inquiète, à raison, des récents succès de l’armée russe dans le Donbass et que les Occidentaux acceptent de livrer des armements toujours plus lourds aux autorités ukrainiennes.
Ainsi, le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak a fait savoir qu’il avait demandé à l’armée d’étudier de possibles livraisons d’avions, tout en prévenant qu’il ne pouvait s’agir que «d’une solution à long terme». Londres a également affirmé que des chars Challenger seraient opérationnels «le mois prochain», tandis que Berlin compte fournir avec ses alliés un premier bataillon de tanks Leopard 2 fin avril.
Emmanuel Macron, de son côté, avait déjà dit que rien n’était exclu quant à la livraison d’avions de chasse, et « en même temps » avait annoncé dès janvier l’envoi de blindés légers à Kiev. En même temps, toujours « en même temps ».
Mises en garde russes contre une escalade du conflit
L’ambassade de Russie au Royaume-Uni a averti que des livraisons d’avions à Kiev ne resteraient pas sans «réponse» :
Dans un tel scénario, vous aurez sur la conscience la moisson sanglante du prochain cycle d’escalade, ainsi que les conséquences militaires et politiques pour le continent européen et le monde entier.
De manière générale, la Russie met en garde depuis le lancement de son opération militaire en Ukraine contre les livraisons d’armements à l’Ukraine, celles-ci présentant selon Moscou un risque d’escalade du conflit. Le 1er février encore, la présidence russe avait affirmé qu’une livraison de missiles aux autorités ukrainiennes mènerait à «un attisement des tensions, une hausse du niveau d’escalade».
Nous le voyons, cela impliquerait pour nous des efforts supplémentaires, mais ça ne changera pas le cours des événements, l’opération militaire spéciale continuera,
avait déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.