À l’occasion des 10 ans de la promulgation de la loi dite du « Mariage pour tous », Marseille a organisé à l’Hôtel de Ville une soirée-débat, ce mercredi 17 mai. Alors que la cité phocéenne compte ses morts par fusillade notamment dans les quartiers Nord, ne faudrait-il pas consacrer plutôt un débat citoyen sur le sujet de l’insécurité dans la ville ? Les marseillais sont inquiets.

Adoptée après plusieurs semaines de mobilisation en France et promulguée le 17 mai 2013, la loi a ouvert le mariage et les droits afférents aux couples de même sexe. Depuis sa mise en oeuvre, environ 900 mariages unissant des époux ont été célébrés à Marseille, sur un total de 28 480, soit une proportion 3,15%. Ce qui est peu, il faut le souligner.
En 2022, la ville s’est dotée d’un service de lutte contre les discriminations. Un plan d’actions a été défini : état des lieux des discriminations, soutien aux acteurs et actrices du monde associatif, sensibilisation en interne et auprès du grand public, organisation d’évènements et temps d’échanges lors de journées nationales ou internationales.
Cette année, Marseille appuie financièrement la création de son centre LGBTQI+, ainsi que de nombreuses associations du territoire œuvrant dans ces domaines.
A l’heure où Marseille vit des heures sombres, comptant plusieurs de ses morts dans les quartiers Nord notamment, certains marseillais s’étonnent qu’un débat citoyen ne s’organise pas autour du sujet de l’insécurité ? La situation est particulièrement grave.
L’insécurité à Marseille, un véritable fléau
Le 10 mai dernier, une fusillade a éclaté dans le XIVe arrdt de Marseille, faisant état d’un mort et deux blessés. Cette énième violence enregistrée dans la cité phocéenne ravive les craintes d’une ville gangrénée par le narcotrafic et l’insécurité. Face à cette situation, la question ne se pose plus : il faut lancer un débat citoyen autour de l’insécurité.
D’un côté, certains estiment qu’il est temps de prendre le « taureau par les cornes » et de reconnaître publiquement l’ampleur du problème. Selon eux, l’omerta qui règne dans certains quartiers ne fait qu’aggraver la situation. En ouvrant le débat, on pourrait ainsi permettre une prise de conscience collective et inciter les autorités à agir plus fermement.
De l’autre côté, d’autres s’opposent à ce débat, notamment le « Printemps marseillais » arguant que cela ne ferait qu’accentuer la stigmatisation des quartiers populaires de Marseille et de leurs habitants. Selon eux, il faut avant tout travailler sur les causes profondes de l’insécurité, à savoir la pauvreté, le chômage et la précarité. Ils appellent ainsi à une politique de prévention plutôt qu’à une politique de répression.
Mais au-delà de ces divergences, une chose est sûre : l’insécurité à Marseille est un véritable fléau. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, la ville a enregistré 31 homicides par balles – l’année la plus meurtrière depuis 2010 dans la departement, et près de 200 règlements de compte. La situation est d’autant plus préoccupante que les citoyens marseillais ne se sentent plus en sécurité chez eux, encore moins dans leur quartier.
Il est donc urgent d’agir, mais comment ?
La réponse ne peut être que collective et pluridisciplinaire. Les pouvoirs publics, les élus représentés par le maire de Marseille, Benoît Payan, doivent travailler plus profondément sur la prévention de la délinquance, en renforçant la présence policière dans les quartiers sensibles, un procédés municipal mis en application depuis quelques jours seulement – l’integration de nouvelles forces de police ne s’effectue pas dans un claquement de doigts – mais aussi en développant des programmes de réinsertion sociale solide pour les jeunes en difficulté. Les jeunes que nous avons rencontrés dans le XVe arrdt ces derniers jours se fichent bien de ce que pensent les élus. Ils appellent à l’aide. Ils appellent au secours.
Il est essentiel de rappeler que la lutte contre l’insécurité ne peut pas être uniquement une affaire de répression. Il faut également s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté, du logement social, de la précarité et de l’insalubrité abominable de certains quartiers en développant de vraies politiques sociales ambitieuses et en favorisant l’emploi et l’insertion professionnelle des jeunes. Si la chose n’est pas aisée, il y a urgence.
Si le débat sur le Mariage pour tous peut-être utile à certains pour sensibiliser l’opinion publique, l’insécurité grandissante à Marseille semble être un sujet bien plus important pour tous les Marseillais et qui incite à débattre et agir avec les autorités. À agir vite. Très vite.